L'avocate de l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo a annoncé ce 4 décembre la volonté de son client de rentrer dans son pays. En liberté conditionnelle à Bruxelles après son acquittement en première instance par la Cour pénale internationale, il a obtenu un passeport et souhaite retourner en Côte d'Ivoire en décembre.
«Le président Laurent Gbagbo a reçu ce jour deux passeports, un ordinaire et un diplomatique», et «il envisage de rentrer en Côte d'Ivoire au cours du mois de décembre», a écrit Me Habiba Touré dans un communiqué.
Une source proche de la présidence ivoirienne a confirmé, selon l'AFP, que deux passeports lui avaient été délivrés.
«Ayant maintenant son passeport, il envisage de rentrer en Côte d'Ivoire au cours du mois de décembre», a poursuivi l'avocate qui explique que Laurent Gbagbo avait demandé au secrétaire général du Front populaire ivoirien (FPI, le parti qu'il a fondé), Assoa Adou, d'«approcher les autorités compétentes afin d'organiser son retour dans la quiétude».
Laurent Gbagbo avait été arrêté à l'issue de la crise post-électorale de 2010-2011. Il a été acquitté de crimes contre l'humanité en première instance en janvier 2019. Un appel est toujours à l'étude.
Aujourd'hui âgé de 75 ans, l'ancien président a «salué» la délivrance de ce passeport comme étant un «acte qui (...) va dans le sens de l'apaisement» et demande aux autorités ivoiriennes «de faire encore un pas de plus vers la décrispation du climat socio-politique», toujours tendu un mois après l'élection présidentielle qui a vu la réélection du président Alassane Ouattara pour un troisième mandat controversé, un scrutin émaillé de troubles ayant fait au moins 85 morts et près de 500 blessés.
Sa candidature à la présidentielle invalidée
Le feuilleton du passeport dure depuis plusieurs mois. Me Touré avait accusé en juillet les autorités de le lui refuser, notamment afin qu'il ne puisse pas rentrer dans son pays pour la présidentielle du 31 octobre.
La candidature de Laurent Gbagbo à la présidentielle avait été présentée en Côte d'Ivoire par ses partisans, mais invalidée par le conseil constitutionnel. Son retour dans le pays reste un des points en discussion entre le pouvoir et une partie de l'opposition qui ne reconnaît pas la réélection du président Ouattara.
Celui-ci avait assuré à plusieurs reprises qu'il était favorable à un retour de Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire. De source présidentielle, il a été apprécié que l'ancien chef d'Etat n'appelle pas à la «désobéissance civile» comme le reste de l'opposition lors du scrutin présidentiel et se soit montré défavorable à la participation des cadres de son parti au «Conseil national de transition» proclamé par des opposants, censé remplacer le président Ouattara.
Ces troubles ont débouché sur l'arrestation de personnalités politiques, dont le porte-parole de l'opposition, l'ancien Premier ministre Pascal Affi N'Guessan et Maurice Guikahué, numéro deux du principal parti d'opposition.
Laurent Gbagbo fait toujours face par ailleurs à une condamnation à 20 ans de prison par la justice ivoirienne pour le «braquage» de la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest lors de la crise de 2010-2011.