Le président français Emmanuel Macron a félicité le président ivoirien Alassane Ouattara pour sa réélection pour un troisième mandat controversé, tout en l'encourageant à poursuivre le «dialogue» avec l'opposition, dans un courrier daté du 11 novembre et dont l'AFP a eu copie le 15 novembre.
«A la suite de la confirmation par le Conseil constitutionnel de votre réélection, je tenais à vous féliciter et vous transmettre ainsi qu'au peuple ivoirien tous mes vœux de succès», écrit le président d'une France souvent accusée de dicter ses volontés à la Côte d'Ivoire, dans ce message diffusé sur les réseaux sociaux.
«Au regard des violences et des tensions qui ont ressurgi à l'occasion de ce scrutin, le dialogue que vous avez initié le 11 avec le président [et principal opposant] Henri Konan Bédié est porteur d'espoir», poursuit Emmanuel Macron alors que les violences électorales ont fait au moins 85 morts depuis le mois d'août.
«Je souhaite que ce premier pas vers le rassemblement et l'ouverture puisse jeter les bases concrètes d’une réconciliation plus large, plus durable entre tous les Ivoiriens et toutes les sensibilités politiques dans le respect de l'Etat de droit afin de tourner la page de la violence et de la division», souligne Emmanuel Macron.
A la suite de la confirmation par le Conseil constitutionnel de votre réélection, je tenais à vous féliciter
La rencontre du 11 novembre entre le président Ouattara et l'ex-président Henri Konan Bédié a fait retomber la tension.
L'ensemble de l'opposition (les deux principaux partis mais aussi des plateformes comprenant le mouvement de l'ex-chef rebelle Guillaume Soro) demande notamment comme préalables à la poursuite du dialogue la libération de tous les prisonniers «politiques», dont le porte-parole de l'opposition Pascal Affi N'Guessan, la fin des poursuites judiciaires contre tous les leaders de l'opposition ou le retour des exilés.
L'opposition conteste la réélection d'Alassane Ouattara pour un troisième mandat, qu'elle juge inconstitutionnel. Elle avait lancé une campagne de «désobéissance civile» puis proclamé un «Conseil national de transition» censé le remplacer.
La justice ivoirienne a lancé des poursuites pour «complot contre la sécurité de l'Etat» contre plusieurs leaders de l'opposition, les accusant d'être responsables de violences meurtrières.
La crainte d'une escalade des violences reste présente en Côte d'Ivoire, dix ans après une crise post-électorale qui avait fait 3 000 morts, ainsi que 300 000 réfugiés et un million de déplacés internes, selon l'ONU.