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Pied de nez à Bruxelles ? La Hongrie, premier pays européen à recevoir le vaccin russe Spoutnik V

Budapest s'est félicité d'avoir reçu des échantillons du vaccin russe Spoutnik V et a assuré avoir noué des contacts avec des développeurs chinois et israéliens. Cette décision intervient après des mises en garde de la Commission européenne.

«Nous sommes le premier pays de l'Union européenne à recevoir un tel échantillon», a déclaré le 27 novembre le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, en référence à la récente arrivée sur le sol national des premières doses de Spoutnik V, le vaccin russe contre le Covid-19.

La Hongrie rejoint ainsi la Biélorussie, l'Inde ou encore les Emirats arabes unis dans la liste des pays testant ce vaccin, tout en se disant aussi ouverte aux formules européennes et américaines.

Fait notable, Spoutnik V est pour l'heure le vaccin qui, selon les entités impliquées dans sa conception (le centre de recherches Gamaleïa, le ministère russe de la Santé et le Fonds souverain russe), bénéficie du taux d'efficacité le plus performant au monde avec un chiffre annoncé de 95% de réussite, qui se base sur les résultats préliminaires obtenus sur des volontaires dans le cadre d'une double administration du sérum.

Ainsi que le rapporte l'AFP, après l'arrivée en Hongrie des 10 premières doses du vaccin, des livraisons à plus grande échelle sont prévues avant une potentielle production par un fabricant hongrois en 2021, si les autorités donnent leur feu vert.

Des experts de Budapest devraient bientôt être dépêchés en Russie, a expliqué Peter Szijjarto qui recevait le ministre russe de la Santé, Mikhail Murashko. Des contacts ont par ailleurs été noués avec des développeurs chinois et israéliens, a précisé Budapest.

La Hongrie prêtes à braver les menaces de Bruxelles ?

Alors que l'Union européenne accumule les contrats avec des laboratoires pharmaceutiques occidentaux (Moderna, AstraZeneca, Johnson & Johnson, Sanofi-GSK, Pfizer-BioNTech et CureVac), la Hongrie, par ailleurs engagée dans un bras de fer sur le budget avec Bruxelles, a donc décidé de se démarquer de cette tendance qui prédomine au sein de l'UE.

Si dans les faits, elle consiste à garder sous la main plusieurs options pour sa campagne de vaccination, l'approche pragmatique de Budapest est loin d'être en phase avec Bruxelles. «Un vaccin ne pourra obtenir une autorisation de commercialisation qu'après une étude approfondie [par le régulateur, l'Agence européenne des médicaments]», avait mis en garde la Commission européenne début novembre. «Des actions seront entreprises» à l'encontre des membres de l'UE qui utiliseraient un produit non approuvé, a même fait savoir l'exécutif européen cité par l'AFP.

La Hongrie doit aussi regarder vers l'est

«Il serait irresponsable de la part du peuple hongrois de renoncer à l'une des options, [notre] volonté [est] d'offrir à la population un vaccin sûr le plus rapidement possible», a toutefois estimé le ministre hongrois des Affaires étrangères. «C'est pour cette raison que la Hongrie doit aussi regarder vers l'est», a-t-on renchéri au sein de la diplomatie hongroise qui dénonce des critiques alimentées par les multinationales pharmaceutiques et «le lobby bruxellois».