Interrogé par le Comité judiciaire du Sénat des Etats-Unis le 17 novembre, le fondateur et PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, a dû faire face aux accusations du sénateur républicain du Missouri Josh Hawley. Selon le politicien, le plus grand réseau social du monde utiliserait deux plateformes internes, «Centra» et «Tasks», afin de surveiller l'activité de ses utilisateurs hors du réseau social et pour coordonner avec les deux autres géants Google et Twitter la censure de certains contenus.
Selon des affirmations rapportées par l'hebdomadaire conservateur Washington Examiner, c'est un ancien employé de Facebook qui aurait alerté Josh Hawley sur l'existence de ces deux outils. «Centra suit les différents profils qu'un utilisateur visite, les destinataires de leurs messages, leurs comptes liés, les pages qu'ils visitent partout sur le web et qui ont des boutons Facebook [...] Centra utilise également des données comportementales pour surveiller les comptes des utilisateurs, même si ces comptes sont enregistrés sous un nom différent», a également affirmé l'élu.
Mark Zuckerberg a alors déclaré − sous serment − ne pas connaître le nom de cet outil, et ne pas savoir combien de comptes d’utilisateurs il aurait traités. «Sénateur, je dis que je ne le connais pas bien. Et que je serais heureux d'y donner suite, et de vous fournir, à vous et à votre équipe, les informations que vous souhaitez sur ce sujet. Mais je suis limité dans ce que je peux, ce que je connais et peux partager aujourd’hui», a-t-il répondu.
Un échange que le sénateur républicain a résumé, avec ironie, sur son compte Twitter en déclarant que cette méconnaissance pouvait s'expliquer car «il n'est que le PDG de l'entreprise, après tout.»
Josh Hawley s'est ensuite attaqué à «Tasks», un outil qui permettrait selon lui aux employés de Facebook de communiquer entre eux à propos des utilisateurs, des hashtags et des sites web qui devraient être interdits de diffusion sur le site.
«Ce qui m'a particulièrement intrigué, c'est que la plateforme reflète la censure de Google et de Twitter également », a déclaré le sénateur avant d'ajouter : «si je comprends bien, les équipes de censure de Facebook communiquent avec leurs homologues de Twitter et de Google et entrent ensuite les suggestions de ces entreprises sur la plateforme "Tasks" afin que Facebook puisse ensuite assurer un suivi avec eux et coordonner efficacement leurs efforts de censure».
Le sénateur a ensuite demandé à Mark Zuckerberg s’il était au courant de l'existence de cette plateforme. Le milliardaire de 36 ans a reconnu que Facebook coordonnait et partageait «des signaux sur des sujets liés à la sécurité», citant le terrorisme, les images d'exploitation des enfants et les ingérences étrangères dans les scrutins. Toutefois, il a déclaré que ces actions de modération du contenu étaient «distinctes», tout en précisant qu’il considérait comme «assez normal» que ses employés communiquent avec leurs homologues de Twitter et de Google.
L'audition de Mark Zuckerberg a précédé celle du PDG de Twitter Jack Dorsey qui a eu lieu le lendemain, le 18 novembre, dans le cadre d'une enquête de la chambre haute du Congrès concernant l'influence des réseaux sociaux sur le débat politique. Lors de la campagne électorale, les Républicains s'étaient déjà attaqués à Twitter et Facebook pour leur censure d'un article du quotidien conservateur New York Post à propos du fils de Joe Biden et dont les deux groupes contestaient l'authenticité des sources.