«Une UE dans laquelle il y a une oligarchie européenne qui punit les plus faibles [des Etats membres] n'est pas l'UE où nous sommes entrés et ce n'est pas l'UE qui a un avenir», a déclaré avec fracas le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki au parlement de son pays, à la veille d'un sommet européen qui devrait être dominé par ce différend avec la Pologne, mais aussi avec la Hongrie et la Slovénie. Mateusz Morawiecki a ainsi argumenté sur le choix d'opposer son veto à l'adoption du budget européen 2021-2027.
«Nous disons "oui" à l'Union européenne, mais "non" au fait d'être punis comme des enfants. "Non" aux mécanismes qui signifient que la Pologne et d'autres pays sont traités de manière inéquitable», a-t-il ajouté. En effet, la Hongrie et la Pologne, rejointes par la Slovénie, s'opposent à ce que le versement de fonds européens soit lié au respect de l'Etat de droit. Les trois pays estiment que la définition de cette notion n'est pas claire et pourrait entraîner une ingérence politique dans leurs affaires intérieures.
«C'est une question de souveraineté», a poursuivi Mateusz Morawiecki, avertissant que la volonté, à Bruxelles, de poser des conditions politiques à l'attribution de moyens financiers pourrait en fin de compte mener à «un éclatement de l'UE».
«Aujourd'hui, vous pensez que cet instrument est dirigé contre nous, contre la Hongrie, peut-être contre la Slovénie, peut-être contre quelque autre pays en Europe centrale. Dans quelques années, dans deux ou trois ans, il pourrait être dirigé contre quelqu'un d'autre», a encore prévenu le chef du gouvernement polonais avant d'affirmer : «C'est un tournant dans l'histoire de l'UE. Prendre des décisions reposant sur des dispositions arbitraires dans la réglementation peut conduire à son effondrement.»
«Aucune autre concession ne sera faite de notre côté», répond le Parlement européen
De son côté, le Parlement européen a fait savoir qu'il ne fera «aucune concession» sur la conditionnalité des financements de l'UE au respect de l'Etat de droit à la Hongrie et la Pologne, qui ont donc mis leur veto au plan de relance européen.
C'est ce qu'ont confirmé le président du Parlement David Sassoli et les chefs des groupes politiques dans une déclaration : «Les dirigeants du Parlement européen regrettent profondément ce blocage et réaffirment que les accords conclus – tant sur le budget pluriannuel que sur l'Etat de droit [...] ne peuvent en aucun cas être rouverts.»