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Manifestations à Londres et à Berlin aux cris d'«Allah akbar» près des ambassades de France

En plus du monde musulman, des manifestations contre les propos d'Emmanuel Macron en défense de la liberté de caricatures ont eu lieu en Europe, notamment à Londres et à Berlin, aux abords des représentations diplomatiques françaises.

Alors que des foules manifestaient contre les caricatures françaises du prophète Mahomet dans plusieurs pays musulmans comme le Liban, le Pakistan, le Bangladesh ou encore l'Afghanistan, des musulmans vivant en Europe ont également exprimé leur colère à proximité des ambassades de France à Londres et à Berlin le 30 octobre.

Aux cris d'«Allah akbar» et exigeant «le respect du Prophète», comme le rapporte le Daily Mail, ils étaient plusieurs dizaines rassemblés devant l'ambassade de France à Londres. Comme dans les pays musulmans, les manifestants s'en sont notamment pris au président français, à qui ils reprochent son soutien au droit à la caricature. «Le plus grand terroriste de la Terre est Macron» et «L'insulte n'est pas la liberté d'expression», pouvait-on par exemple lire sur les pancartes des manifestants londoniens.

Comme on peut le voir sur la vidéo ci-dessus, les manifestants se sont également mis à faire une prière collective aux abords de l'ambassade de France. Certains ont en outre brandi des pancartes représentant le président français sous les traits d'une créature démoniaque.

Sur Twitter, l'ambassade de France à Londres a publié le même jour le message suivant : «La France est la cible d’attaques terroristes contre notre liberté d’expression, de croire ou de ne pas croire, de vivre dans la Fraternité. Nous resterons ce que nous sommes, un pays libre, tolérant, fier de ses valeurs humanistes de démocratie.»

A Berlin également, environ 130 personnes ont manifesté le 30 octobre aux abords de la porte de Brandebourg et de l'ambassade de France, rapporte le quotidien allemand Der Tagesspiegel. La mobilisation a été organisée par l'association «Communauté palestinienne en Allemagne», selon le journal.

Les manifestants ont exigé des excuses du président français et ont également scandé des «Allah akbar». «Nous, musulmans, rejetons complètement le meurtre, la terreur et la violence. Ça fait mal que de nouvelles personnes aient été tuées hier [en référence à l'attentat de Nice]. La tolérance de notre religion rejette ces actes», a déclaré Ahmed Mohsseni, membre de l'association organisatrice de la manifestation, dans son discours. Néanmoins, selon ses propos, rapportés par le journal allemand, il est «provocateur et blessant» pour les musulmans que le président Macron soutienne la publication des caricatures du prophète Mahomet. «Nous sommes scandalisés, déçus et humiliés. Nous rejetons l'insulte faite à notre religion et à toutes les autres religions et prophètes», a ajouté ce porte-parole associatif.

Selon un porte-parole de la police, un rassemblement antifrançais similaire à Berlin réunissant environ 60 personnes s'était déjà tenu devant la porte de Brandebourg dans la matinée du 30 octobre, et un autre la veille.

Emmanuel Macron est devenu la cible de la fureur de nombreux musulmans après avoir défendu le droit à la liberté d'expression à travers la caricature, lors de l'hommage national au professeur Samuel Paty, assassiné par décapitation le 16 octobre pour avoir montré à sa classe les caricatures du prophète Mahomet dessinées par Charlie Hebdo, dans le cadre d'un cours d'éducation civique consacré à la liberté d'expression. Ces manifestations hostiles à la France sont intervenues au lendemain de l'assassinat de trois personnes à Nice lors d'un nouvel attentat terroriste en France

Les réactions du monde musulman ont été dues à beaucoup de mensonges, et au fait que les gens ont cru comprendre que moi, j'étais favorable à ces caricatures

Le président français a dénoncé les «manipulations» autour de ses propos sur les caricatures de Mahomet, venant selon lui «parfois de dirigeants politiques et religieux» qui ont laissé penser que ces dessins seraient «une émanation du gouvernement français» contre l'islam. «Les réactions du monde musulman ont été dues à beaucoup de mensonges, et au fait que les gens ont cru comprendre que moi, j'étais favorable à ces caricatures», a affirmé le chef de l'Etat dans un entretien à Al-Jazeera. «Je suis favorable à ce qu'on puisse écrire, penser, dessiner librement dans mon pays parce que je pense que c'est important, que c'est un droit, ce sont nos libertés», a-t-il ajouté.