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La Suisse refuse l'abolition du délit de blasphème

Alors que le monde musulman s'enflamme contre la France et les caricatures de Mahomet, le Conseil national suisse était appelé à voter sur l'abolition du délit de blasphème dans le pays. Une motion rejetée par les conseillers suisses.

Le Conseil national suisse (chambre basse de l'Assemblée fédérale) a rejeté le 30 octobre, par 115 voix contre 48, une motion visant à abolir le délit de blasphème, proposée par l'écologiste libéral Beat Flach. «Il ne faut pas punir les gens parce qu’ils se moquent d’une foi», a-t-il déclaré, cité par RTS, estimant que la norme pénale antiraciste et la protection contre l’atteinte à l’honneur et contre l’injure étaient suffisantes. Avant d'ajouter qu'il trouvait «anachronique» qu’un Etat «laïque et libéral» érige le blasphème en «infraction spécifique».

«[La liberté d’expression] ne s’applique pas sans limite», a pour sa part estimé la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter, également citée par la télévision nationale. 

«La loi ne punit certes pas directement les paroles qui outragent la divinité, mais le fait de "bafouer les convictions d'autrui en matière de croyance, en particulier de croyance en Dieu"», relève RTS.

Cet épisode intervient simultanément aux multiples manifestations antifrançaises qui se déroulent dans le monde musulman, après l'hommage d'Emmanuel Macron au défunt professeur Samuel Paty, lors duquel le chef de l'Etat avait affirmé qu'il n'entendait pas «renoncer aux caricatures, aux dessins, même si d’autres reculent». 

Pour rappel, depuis 1881, il n'existe plus en droit français de délit spécifique concernant le blasphème, contrairement à plusieurs pays du Vieux continent où il est puni par la loi. «Sept pays [dont l'Allemagne ou encore l'Espagne] considèrent toujours l’offense à la religion comme un délit, même s’ils n’emploient pas toujours le terme de blasphème», relevait France inter dans un article publié au mois de juin 2017. Fait notable, le 26 octobre 2018, les Irlandais avaient pour leur part voté à 65% pour l'abrogation du délit de blasphème qui figurait dans la Constitution depuis 1937, bien qu'il n'ait jamais été appliqué depuis, comme le relevait alors France 24.