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«C'est un grave cas de corruption» : Trump veut une enquête sur l'affaire Biden «avant l'élection»

A deux semaines de la présidentielle, Donald Trump et 11 députés républicains pressent le procureur général à tirer au clair les accusations de corruption visant de Joe Biden. Une affaire peu abordée dans les interviews du candidat démocrate.

Lors d'une interview accordée à Fox News le 20 octobre, Donald Trump a estimé que le procureur général des Etats-Unis William Barr devrait nommer, avant les élections présidentielles du 3 novembre, un procureur spécial afin d'enquêter sur un potentiel scandale de trafic d'influence et de corruption impliquant son rival démocrate, Joe Biden, dans le cadre des affaires de son fils Hunter Biden en Ukraine.

«Nous devons amener le procureur général à agir. Il doit agir, et il doit agir vite. Il doit nommer quelqu'un. C'est un cas grave de corruption, et cela doit être connu avant les élections», a déclaré le président américain à la chaîne conservatrice Fox News.

La veille, pas moins de 11 députés républicains ont rédigé une lettre à l'intention de William Barr, l'exhortant à nommer immédiatement un procureur spécial dans le but d'enquêter sur les révélations fracassantes – et potentiellement compromettantes – contenues dans des e-mails présumés d'Hunter Biden révélés par le New York Post.

Le contenu des e-mails échangés, dont RT France n'est pas en mesure de confirmer l'authenticité, viendrait notamment appuyer les accusations de corruption visant Joe Biden pour son action en Ukraine. Ils révèlent que son fils Hunter, nommé au conseil de surveillance du groupe gazier ukrainien Burisma Holdings, aurait permis à un dirigeant du groupe d'obtenir un rendez-vous avec le vice-président. Cette version va à l'encontre des affirmations du candidat démocrate, qui a toujours assuré ne jamais avoir évoqué avec son fils ses activités à l'étranger.

Le camp Biden, qui ne s'est pas prononcé sur la véracité des emails, assure par ailleurs qu'aucune rencontre entre le vice-président de Barack Obama et un représentant de Burisma ne figurait à l'agenda. Joe Biden est par ailleurs soupçonné d'avoir conditionné une aide financière à l'Ukraine d'un milliard de dollars au renvoi du procureur ukrainien Viktor Chokine. Ce dernier enquêtait alors sur une affaire de corruption concernant le groupe gazier ukrainien. Une accusation qui lui colle à la peau, puisqu'il s'est vanté publiquement d'avoir fait pression pour que Viktor Chokine soit renvoyé.

Les 11 membres de la Chambre basse ont par ailleurs demandé que le procureur général des Etats-Unis enquête également sur toute corruption présumée concernant la carrière de 36 ans de Joe Biden au Sénat américain.

Cependant, à seulement deux semaines des élections présidentielles, les incertitudes planent sur ce que peut réellement dévoiler au public William Barr sur une si courte période. Pour rappel, le rapport Mueller, confirmant l'absence d'entente entre l'entourage de Donald Trump et les Russes lors la présidentielle américaine de 2016, avait nécessité 674 jours d'enquête avant que les conclusions soient publiées. De leur côté, Bill Clinton et Hillary Clinton avaient fait l'objet d'une enquête de 1 693 jours avant que le procureur général des Etats-Unis Kenneth Starr ne publie son rapport au Congrès.

Le directeur du renseignement dément l'implication de la Russie

Au cours de cette même interview, le locataire de la Maison Blanche a également critiqué le président de la commission du renseignement de la Chambre des représentants Adam Schiff. Ce dernier, quelques jours auparavant, avait essayé d'attribuer à Moscou la responsabilité de l'affaire Biden, qui fait pourtant l'objet d'un rapport de 87 pages du Sénat américain (à majorité républicaine).

«Il est malade», a déclaré Donald Trump à propos de du démocrate Adam Schiff. Et de poursuivre : «Nous avons traversé deux ans et demi de ça [d'accusations de compromissions avec la Russie]. Ce type devrait être mis à l'écart...»

Le 16 octobre sur CNN, Adam Schiff avait laissé entendre que ces e-mails feraient partie d'une campagne de diffamation à l'égard du candidat démocrate à la présidentielle américaine et de désinformation provenant «du Kremlin». «Nous savons que toute cette diffamation de Joe Biden vient du Kremlin», avait lancé l'élu de Californie avant d'ajouter : «Cela est clair que depuis plus d'un an maintenant que [les Russes] mettent en avant ce récit mensonger concernant l'ancien vice-président et son fils.»

Interrogé sur la possibilité que la Russie soit derrière ces révélations explosives, le directeur du renseignement national américain a répondu : «C'est Adam Schiff qui a déclaré que la communauté du renseignement pensait que l'ordinateur portable de Hunter Biden et les e-mails qu'il contenait faisaient partie d'une campagne de désinformation russe.» Et de poursuivre : «Permettez-moi d'être clair : la communauté du renseignement ne croit pas à cela, car il n'existe pas de renseignement allant en ce sens. Et nous n'avons partagé aucune information avec Adam Schiff, ni aucun membre du Congrès.»

John Ratcliffe a ajouté que les allégations du président de la commission du renseignement de la Chambre des représentants n'étaient «tout simplement pas vraies». «L'ordinateur portable de Hunter Biden ne fait pas partie d'une campagne de désinformation russe», a-t-il martelé, mettant ainsi à mal la ligne de défense du camp démocrate.

Des accusations peu évoquées lors des interviews de Biden

L'affaire Hunter Biden, pourtant largement commentée par le camp républicain, n'a pourtant fait l'objet que de peu d'attention lors des interviews de campagne du candidat démocrate. «Joe Biden n'a été interrogé à ce sujet pour la première fois que deux jours et demi [après les révélations du New York Post], et il a immédiatement balayé la question», remarque l'AFP.

Se basant sur l'analyse de «plusieurs spécialistes des médias», l'agence de presse française ajoute : «Le décalage a semblé criant entre le passage de Donald Trump sur la chaîne NBC, confronté à un feu de questions critiques de la journaliste Savanah Guthrie, et celui du candidat démocrate sur ABC, qui a démarré avec des questions apaisées du public.»