Des dizaines de milliers de Chiliens se sont rassemblés le 18 octobre dans la capitale du pays, Santiago, pour célébrer le premier anniversaire du début d'une contestation sociale inédite. Une journée globalement festive mais ternie par des affrontements avec les forces de l'ordre et l'incendie de deux églises.
Les violences ont été le fait de «groupes minoritaires», selon le ministre de l'Intérieur
A une semaine d'un référendum historique où les Chiliens seront appelés à se prononcer sur un changement de Constitution, la manifestation s'est déroulée dans un premier temps de façon pacifique mais des affrontements ont éclaté en fin de journée avec les forces de l'ordre, déployées en masse dans le centre de la capitale, d'après l'AFP.
Une première église a notamment été pillée et incendiée, mais le feu a été rapidement maîtrisé par les pompiers. Une seconde église, toute proche, a en revanche été totalement détruite par les flammes.
«Brûler des églises est une manifestation de brutalité», a déclaré le ministre chilien de l'Intérieur Victor Pérez, relevant que pendant la journée, les stations de métro de Santiago, les autobus publics et d'autres cibles visées un an plus tôt par une flambée de violence avaient été préservés. Selon lui, les actes de violences ont été le fait de «groupes minoritaires» au sein de la manifestation du 18 octobre.
Un élan d'espoir «très positif» pour «parvenir à changer les choses»
Les manifestants s'étaient rassemblés dès le début de la matinée dans le centre de la capitale, sur la Plaza Italia, point de rassemblement emblématique de la contestation.
Parmi eux, de nombreux jeunes, mais aussi des familles. Certains agitaient des drapeaux, sautaient ou criaient des slogans appelant à des réformes sociales profondes. De nombreuses banderoles avaient été déployées tout autour de la place.
«C'est beau, très positif. Nous devons nous unir, le peuple chilien doit s'unir et nous devons croire que nous pouvons parvenir à changer les choses», s'est réjouie Viviana Donoso, 43 ans, au milieu d'un groupe d'amis, citée par l'AFP.
Olga Neira, 68 ans, a affirmé, selon la même source, être venue manifester avec sa fille pour célébrer quelque chose que je n'aurais jamais imaginé au Chili depuis le retour de la démocratie en 1990. «Ce pays peut faire en sorte que les gens aient des retraites décentes, des salaires plus décents. Aujourd'hui, c'est beau et dimanche prochain [le 25 octobre], ce sera encore mieux !», a-t-elle déclaré, confiante en la victoire du «Apruebo» («J'approuve») au référendum pour une nouvelle Constitution.
Un référendum pour changer la Constitution héritée de la dictature d'Augusto Pinochet
Il y a un an, une protestation contre une hausse du prix des tickets de métro avait débouché sur une flambée de violence. Cette journée avait été le point de départ de manifestations massives, de pillages et d'affrontements avec les forces de l'ordre.
Plusieurs milliers de personnes avaient été blessées au cours des mois de contestation et une trentaine d'autres sont mortes, dont au moins cinq après l'intervention des forces de l'ordre, rapporte l'AFP.
Seulement un mois après le début de la contestation, la coalition gouvernementale et les principaux partis d'opposition étaient parvenus à un accord historique sur l'organisation d'un référendum pour changer la Constitution héritée de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990). Reporté en avril à cause de la pandémie, il se tiendra finalement le 25 octobre.
Plus de 14 millions de Chiliens seront appelés à se prononcer pour ou contre la rédaction d'une nouvelle Constitution en remplacement de l'actuelle, votée en 1980, en plein régime militaire. Le jour du vote, les Chiliens devront répondre à deux questions : l'une sur le remplacement ou non de la Constitution et l'autre, le cas échéant, sur la méthode pour la rédiger, à savoir la mise en place d'une «Convention mixte» composée à parts égales de citoyens élus à cette fin et de parlementaires en exercice, ou d'une «Convention constituante» intégralement composée de citoyens spécifiquement élus.
Le gouvernement du président conservateur Sebastian Piñera, fortement contesté depuis le début de la crise, avait lui aussi appelé à la tenue le 18 octobre d'une manifestation pacifique et respectueuse des mesures sanitaires, dans ce pays qui recense quelque 490 003 cas de contamination et 13 588 morts depuis le début de la pandémie de Covid-19.