Le 2 octobre, alors qu'environ 2 000 personnes étaient réunies à Santiago du Chili sur la place d’Italie, épicentre de la contestation sociale chilienne, pour une manifestation contre les inégalités, des affrontements entre civils et carabiniers (nom donné aux policiers au Chili) ont éclaté. C’est alors qu’un manifestant de 16 ans, Antony Araya, est tombé du pont qui surplombe la rivière Mapocho, atterrissant dans un canal en béton. Des témoins rapportent qu'il aurait été poussé par un membre des forces de l'ordre, soupçonné de tentative d’homicide. Le jeune homme serait dans un état stable à la clinique Santa Maria de Santiago. Les carabiniers se défendent en affirment que le jeune homme a perdu l'équilibre.
L'un des manifestants, Pavel Pavelic Jofre, témoigne, repris par le Guardian : «Alors que les manifestants fuyaient, nous avons vu le moment où l'officier a intercepté [le garçon] et l'a jeté du pont […] Nous avons réussi à faire descendre deux membres de notre groupe pour l'aider, et après avoir stabilisé son état, les pompiers ont pu le soulever loin de la rivière pour l'emmener à l’hôpital».
Enquête judiciaire en cours
Le général Enrique Monras, porte-parole des carabiniers, a contredit la version de Pavel Pavelic Jofre dans une allocution télévisée. Sans nier l’usage de la force, il a affirmé que le garçon «avait perdu l’équilibre et était tombé» au cours d’une arrestation.
Selon le procureur Ximena Chong, cité par El Pais, le Ministère public a pu «établir les circonstances dans lesquelles les faits se seraient déroulés, lesquels auraient un lien avec l’intervention d’un fonctionnaire de police». Ce dernier «aurait poussé le jeune homme de 16 ans». Le procureur a ouvert une enquête judiciaire. La police a aussi lancé une investigation administrative.
L’événement fait grand bruit au Chili, d'autant qu'il survient à deux semaines de l’anniversaire du 18 octobre (2019), jour de déclenchement de protestations lors desquelles une quinzaine de manifestants ont perdu la vie.
Le 3 octobre, des affrontement ont éclaté après que des manifestants sont retournés sur la place d'Italie pour dénoncer les agissements du carabinier qui aurait poussé Antony Araya. Le pays est secoué depuis un an par des protestations fustigeant les réformes du président Sebastián Piñera – augmentation du prix des tickets de métro, de l'électricité, entre autres –, la faiblesse du système social chilien, notamment en matière de retraites, et les violences policières (usage de gaz lacrymogènes, de canons à eau, de balles en caoutchouc...). La situation politique est d’autant plus tendue que le Chili votera fin octobre pour ou contre une nouvelle constitution.
L’opposition politique a demandé la démission du chef des carabiniers, Mario Rozas. Le parlement a initié une procédure d’accusation constitutionnelle contre le ministre de l’Intérieur Victor Pérez. Tandis que le procureur général du pays estime qu’au moins 8 575 violations présumées des droits de l’homme sont à imputer à la police lors de diverses manifestations depuis un an, pour l’instant, seuls 16 agents ont été renvoyés.