«Imaginez les perspectives de paix, de prospérité et de sécurité dans le monde si Joe Biden était président des Etats-Unis et Alexeï Navalny le président de la Russie. Nous serons bientôt à mi-chemin», a tweeté le 9 octobre 2020 l'ancien patron de la CIA John Brennan, revisitant ainsi à sa façon la célèbre chanson Imagine de John Lenon, qui aurait fêté ses 80 ans le jour même s'il n'avait pas été assassiné le 8 décembre 1980.
Ex-directeur de l'agence de renseignement la plus connue des Etats-Unis entre 2013 et 2017, après avoir été de 2009 à 2013 le conseiller de Barack Obama pour la sécurité intérieure et la lutte antiterroriste, John Brennan est notamment réputé pour entretenir une vive hostilité vis-à-vis de la Russie. Au point qu'en janvier 2017, il avait sermonné Donald Trump en lui reprochant sa volonté d’améliorer les relations avec Moscou.
Fait notable, quelques jours seulement avant que l'ancien patron de la CIA n'exprime son souhait de voir l'opposant russe Alexeï Navalny accéder à la présidence de son pays, le Kremlin avait accusé l'agence américaine de collaborer avec le ressortissant russe. «Ces derniers jours, des spécialistes de la CIA des Etats-Unis d'Amérique travaillent avec lui», a en effet déclaré Dmitri Peskov le 1er octobre.
S'il n'hésite aujourd'hui pas à exprimer ses rêves de paix sur Twitter, John Brennan n'est pourtant autre que l'un des «maîtres d'œuvre» de la politique américaine concernant les «assassinats ciblés» par drones, pratique vivement dénoncée sur la scène internationale. C'est ainsi que le décrivait Le Mondeen 2013, alors qu'en tant que conseiller au contre-terrorisme à la Maison Blanche, il défendait devant les sénateurs de la commission du renseignement sur les méthodes de guerre de l'armée américaine la politique de «liquidation ciblée» par drones de responsables avérés ou soupçonnés d'appartenir à Al-Qaida.
Les «assassinats ciblés» de l'armée américaine à travers le monde ont fait l'objet d'un grand dossier publié en 2015 sur le site d'investigation The Intercept et intitulé Drone papers. On y apprenait notamment que «jusqu’à neuf personnes tuées sur dix n’étaient pas visées par les frappes de drones».