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«Sans Cambridge Analytica, il n'y aurait pas eu de Brexit» ? Une théorie désormais mise à mal

Le dernier rapport de l'office britannique du commissaire à l'information met à mal l'hypothèse selon laquelle le Brexit n'aurait pas eu lieu sans le concours de la société Cambridge Analytica, au cœur d'un scandale de vols de données personnelles.

Connu sous l'acronyme ICO, l'office britannique du commissaire à l'information (équivalent de la Cnil française) a publié le 7 octobre sur son site les conclusions de son enquête sur l'utilisation d'informations personnelles à des fins politiques, impliquant notamment l'entreprise Cambridge Analytica. Pour rappel, la défunte société s'est retrouvée en 2018 au cœur d'un scandale de vol massif de données personnelles qui aurait servi à influencer les résultats de l'élection américaine de Donald Trump, ou le vote britannique en faveur du Brexit : deux échéances électorales pour lesquelles la Russie a par ailleurs fait l'objet de nombreuses accusations en matière d'ingérence. 

Nous n'avons pas trouvé d'autres preuves sur l'implication de la Russie

«[Cambridge Analytica] n'a pas été impliqué dans la campagne référendaire sur [le Brexit] au-delà d'une étude de données du parti UKIP au début du processus référendaire», affirme aujourd'hui la commissaire de l'ICO Elizabeth Denham qui, après avoir enquêté trois ans sur l'affaire, explique n'avoir aucun élément supplémentaire lui permettant de modifier son opinion antérieure en ce sens. En outre, au sujet d'une éventuelle «ingérence russe» dans les processus électoraux susmentionnés, la commissaire rappelle avoir par le passé déjà transmis les détails d'«une possible activité localisée en Russie» à l'Agence nationale de lutte contre la criminalité. «Nous n'avons pas trouvé d'autres preuves sur l'implication de la Russie», affirme-t-elle encore en se basant sur l'analyse du matériel de Cambridge Analytica auquel a pu accéder son équipe.

Créée en 2013 en tant que filiale de l'entreprise britannique de communication stratégique SCL Group, Cambridge Analytica s'était déclarée en faillite deux mois après le scandale de mars 2018 dans lequel elle avait été accusée d'avoir collecté et exploité, sans leur consentement, les données personnelles d'utilisateurs de Facebook à des fins politiques.

En tout état de cause, pour ne prendre que l'exemple de la presse française, l'affaire, ainsi que ses développements, avaient fait l'objet d'un important phénomène médiatique remettant directement en cause le choix des électeurs au cours des deux scrutins ayant particulièrement marqué l'année 2016.

«Sans Cambridge Analytica, il n'y aurait pas eu de Brexit», titraient par exemple au mois de mars 2018 France info et Libération, citant une déclaration de l'ancien directeur de recherche de la firme britannique ; «Cambridge Analytica a joué un "rôle crucial" dans le Brexit», abondait également en ce sens Paris-Match dans la même période ; «Nouvelles accusations contre Cambridge Analytica et l’ingérence russe dans la campagne américaine», titrait pour sa part le journal Le Monde quelques semaines plus tard ; «L’ombre russe plane un peu plus sur le Brexit», écrivait encore Le Parisien au mois de juin de la même année.