Près d'un an et demi après sa fermeture en mai 2018, la société Cambridge Analytica continue de faire parler d'elle. Depuis le début de l'année 2020, un mystérieux compte Twitter anonyme du nom de «Hindsight is 2020» publie une série de documents visant à démontrer que Cambridge Analytica aurait manipulé des électeurs, bien au-delà des Etats-Unis et du Royaume-Unis. Parmi les pays concernés : le Kenya, la Malaisie, l'Iran ou encore le Brésil.
A l'intérieur de ces fichiers en libre accès : des échanges d'e-mails, des analyses statistiques et divers rapports de Cambridge Analytica, tendant à prouver l'influence de l'entreprise sur diverses élections, partout dans le monde.
Une ancienne employée à l'origine des fuites ?
Le quotidien britannique The Guardian s'est penché sur ces révélations – qui en entraîneront d'autres, promet le compte Twitter. Selon le quotidien, ces documents relatifs au travail de Cambrige Analytics dans 68 pays, démontrent une manipulation des électeurs à «une échelle industrielle». Emma Briant, une universitaire du Bard College de New York citée par The Guardian, affirme que «les documents révèlent une idée beaucoup plus claire de ce qui s'est réellement passé lors de l'élection présidentielle américaine de 2016, ce qui a une énorme incidence sur ce qui se passera en 2020», prévient-elle. Car, ajoute-t-elle, les manipulations de données personnelles à des fins politiques ne devraient pas prendre fin avec la fermeture de Cambridge Analytica : «Ce sont les mêmes personnes impliquées [dans le scandale Cambridge Analytica] qui opèrent aujourd'hui avec les mêmes techniques».
D'où viennent ces documents ? Ils proviendraient d'une ancienne employée repentie de l'entreprise américaine, Brittany Kaiser, à en croire The Guardian. Ils auraient déjà été cités dans l'enquête du procurer spécial Robert Mueller sur les accusations d'ingérence russe dans l'élection présidentielle américaine de 2016.
Accusation de manipulation de données à des fins politiques
En mars 2018, les révélations du lanceur d’alerte Christopher Wylie, ancien collaborateur de Cambrige Analytica, avaient plongé dans la tourmente cette entreprise de collecte et traitement de données.
La société Cambridge Analytica a été accusée d'avoir collecté et exploité sans leur consentement les données personnelles d'utilisateurs de Facebook à des fins politiques. Ces données auraient été utilisées afin d'influencer plusieurs élections, dont la campagne présidentielle de Donald Trump et le vote britannique sur le Brexit. Cambridge Analytica aurait récolté des informations de millions d'utilisateurs de Facebook aux Etats-Unis, pour élaborer des profils politiques et psychologiques, ensuite ciblés avec des messages politiques afin de peser sur leur vote.
Deux mois après cette série de révélations, Cambridge Analytica s'était déclarée en faillite aux Etats-Unis. Elle s'était estimée «calomniée pour des activités [...] légales».