Un rapport de la commission sur le renseignement et la sécurité du parlement britannique (ISC), datant de 2019 mais ayant fuité ce 21 juillet, accuse Moscou d'avoir tenté de s'ingérer dans le référendum sur l'indépendance de l'Ecosse de 2014. De son côté, Moscou souligne ne jamais avoir interféré dans aucun processus électoral, et dénonce un exemple de «russophobie».
«Commentaires crédibles»... mais manque de preuves sur le Brexit ?
Dans les extraits cités par Reuters, le rapport britannique ne s'étend pas sur les preuves qui étayeraient cette ingérence présumée, faisant état de «commentaires crédibles en libre accès suggérant que la Russie a entrepris des campagnes d'influence en lien avec le référendum sur l'indépendance de l'Ecosse en 2014».
Selon l'agence de presse, les passages portant sur le référendum sur le Brexit seraient en grande partie caviardés et une annexe n'aurait pas été publiée. Les auteurs du rapport, qui reprocheraient en outre au renseignement britannique de faire de la rétention d'informations sur ce sujet en particulier, écrivent : «En réponse à notre demande de preuves écrites au début de l'enquête, le MI5 n'a dans un premier temps fourni que six lignes de texte.» Quelles sont-elles ? Le suspense demeure, puisque le rapport spécifie : «Elles disent que ***.»
Toutefois, les éléments présentés dans ce rapport de 55 pages ont été suffisants aux députés de la Commission pour réclamer au gouvernement britannique une enquête sur les interférences russes présumées dans la campagne du référendum sur le Brexit en 2016. Il y est notamment écrit, selon l'AFP, que l'influence politique russe au Royaume-Unie est «la nouvelle normalité» et que la situation a été sous-estimée par Londres.
Si les députés de l'ISC ne sont, comme le rapporte l'AFP, «pas parvenus à mettre en évidence des preuves d'ingérence russe, que ce soit dans la campagne du référendum sur le Brexit ou celui sur l'indépendance de l'Ecosse de 2014», le député travailliste Kevan Jones, présentant le rapport, a estimé : «Il aurait dû y avoir une évaluation des ingérences russes dans le référendum. Il doit y en avoir une et les résultats de cette évaluation doivent être portés à la connaissance du public.»
Moscou dénonce un exemple de «russophobie»
Selon des propos rapportés par l'agence de presse RIA Novosti, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a dénoncé un exemple de «russophobie incrustée de fakes», ne voyant «rien de sensationnel» dans le document.
La fuite du rapport britannique, coïncidant avec une visite à Downing Street du secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, intervient quelques jours après des accusations proférées par Londres, mêlant tentatives d'ingérence, mais aussi vol de données sur le vaccin contre le Covid-19. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova avait alors dénoncé un communiqué «tellement embrouillé et contradictoire qu'il est pratiquement impossible de le comprendre», soulignant une fois de plus le manque de preuves de telles accusations.
Avec en toile de fond le débat autour du Brexit, le référendum écossais de 2014 posait la question de l'indépendance de cette nation constitutive du Royaume-Uni. Le non l'avait finalement emporté, par 55,3% des suffrages contre 44,7%. Le retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne avait finalement été adopté en 2016 par une majorité de citoyens britanniques, mais les Ecossais avaient majoritairement voté contre.