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«Exhibition obscène» : Netflix poursuivi au Texas pour une affiche de film sexualisant des mineures

La plateforme de streaming est visée par la justice texane pour avoir produit un visuel du film français Mignonnes accusé d'hypersexualiser des petites filles. Inculpé par un grand jury, Netflix a fustigé une accusation «sans fondement».

Au Texas, Netflix est visé par une procédure judicaire pénale pour le film français Mignonnes, accusé d'hypersexualiser des fillettes et qui avait suscité en septembre une controverse dans cet Etat conservateur du sud des Etats-Unis mais également dans tout le pays, forçant la plateforme vidéo à retirer son visuel de promotion du long-métrage.

La plateforme de streaming américaine a été inculpée le 15 septembre par un grand jury dans le comté de Tyler, à l'est de Houston, révèle un document rendu public le 6 octobre par un élu local, le républicain Matt Schaefer.

Selon l'accusation, Netflix a «promu en connaissance de cause» des visuels qui donneraient à voir «l'exhibition obscène» des parties génitales de mineures, sollicitant un «intérêt lubrique pour le sexe», un crime passible de prison dans l'Etat.

Le greffier du comté de Tyler a confirmé à l'AFP qu'«aucune date d'audition» n'avait «été fixée pour le moment».

Aucune «valeur littéraire, artistique, politique ou scientifique réelle», selon le grand jury

Cuties, le titre américain du film Mignonnes, premier long-métrage de la réalisatrice Maïmouna Doucouré, dresse le portrait d'une petite parisienne de onze ans, tiraillée entre les règles d'une famille sénégalaise musulmane polygame et la tyrannie des réseaux sociaux. Afin de se faire accepter d'un groupe de danse au collège, elle s'initie à une danse sexy, le twerk. Ce film a été primé au festival de Sundance, ainsi qu'à Berlin.

Le grand jury a également tranché que le film n'avait «aucune valeur littéraire, artistique, politique ou scientifique réelle».

Une porte-parole de Netflix a défendu, toujours le 6 octobre le film auprès de l'AFP : «Mignonnes est une chronique sociale contre la sexualisation des jeunes enfants. Cette accusation est sans fondement et nous continuons de soutenir le film.» 

En septembre, le sénateur républicain du Texas Ted Cruz avait appelé le département de la Justice à enquêter sur de possibles infractions aux lois interdisant la pédopornographie.

Le procureur général du Texas Ken Paxton s'était quant à lui joint à deux confrères pour demander à Netflix de retirer le film de sa plateforme. 

En France, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot a pris le mois dernier la défense de Maïmouna Doucouré, dénonçant des critiques qui «se fondent sur une série d'images réductrice et décontextualisée du film». L'intention prêtée à la réalisatrice, a-t-elle asséné, est «en contradiction totale avec le propos de son œuvre».