Bachar el-Assad a accusé le président turc Recep Tayyip Erdogan d’être «le principal instigateur du récent conflit qui se déroule au Nagorny Karabakh [Haut-Karabagh, territoire séparatiste en Azerbaïdjan] entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan», dans un entretien accordé à l’agence Sputnik le 6 octobre.
«Erdogan a soutenu des terroristes en Syrie. Il soutient les terroristes en Libye», a-t-il par ailleurs accusé.
Le président syrien a qualifié l’attitude d’Erdogan de «dangereuse […] car premièrement cette attitude reflète celle des Frères musulmans, qui sont un groupe extrémiste et terroriste. Deuxièmement, Erdogan provoque des guerres dans différentes zones pour distraire l’opinion publique turque de son attitude à l’intérieur du pays».
Selon lui, «la majorité des pays de la communauté internationale est complice de la Turquie [...] Ils savent ce que la Turquie fait, ils sont heureux de ce que la Turquie fait […] Nous ne pouvons donc pas du tout compter sur la communauté internationale».
Interrogé sur les accusations selon lesquelles la Turquie acheminerait des «terroristes» actifs en Syrie pour combattre aux côté des combattants azéris, Bachar el-Assad a déclaré qu'il pouvait «confirmer» l'information, «non pas parce que nous avons des preuves, mais parfois si vous n'avez pas de preuve vous avez des indications».
«La Turquie a utilisé ces terroristes, venant de différents pays, en Syrie. Ils ont utilisé les mêmes méthodes en Libye [...] Donc il va de soi et est très probable qu'ils utilisent [ces méthodes] dans le [Haut-Karabagh]. Comme je l'ai dit plus tôt, ils sont à l'origine de ce problème, de ce conflit, ils ont encouragé ce conflit», a estimé le président syrien.
Les autorités turques ont rejeté avec véhémence toutes les accusations similaires proférées contre elles depuis le retour des affrontements dans la région.
300 combattants ont quitté la Syrie pour rejoindre Bakou en passant par Gaziantep
Le 1er octobre, le président français Emmanuel Macron, présent à un sommet européen à Bruxelles, avait déclaré que «selon nos propres renseignements, 300 combattants ont quitté la Syrie pour rejoindre Bakou en passant par Gaziantep [en Turquie]. Ils sont connus, tracés, identifiés, ils viennent de groupes djihadistes qui opèrent dans la région d’Alep». Après cette déclaration, le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev avait demandé des excuses à Paris, soulignant que l'Azerbaïdjan n'avait pas de mercenaires.
La veille, Moscou s'était aussi inquiété de la présence de mercenaires dans la région : «Des militants de formations armées illégales sont transférés dans la zone de conflit du Haut-Karabagh [...] notamment depuis la Syrie et la Libye», avait déclaré le ministère russe des Affaires étrangères.
De son côté, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a accusé le 2 octobre dans un entretien au Figaro Ankara de fournir «à Bakou des véhicules militaires, des armes, ainsi que des conseillers militaires. Nous savons que la Turquie a formé et transporté des milliers de mercenaires et de terroristes depuis les zones occupées par les Turcs dans le nord de la Syrie».
Résurgence du conflit depuis le 27 septembre
Gelé depuis des années, le conflit entre les forces azerbaïdjanaises et les combattants arméniens de cette enclave montagneuse a repris le 27 septembre dernier, avec une intensité sans égal depuis la guerre meurtrière qui avait suivi l'effondrement de l'Union soviétique, en 1991.
Sur le terrain des affrontements, les autorités arméniennes ont fait état d'une relative accalmie dans la nuit du 5 au 6 octobre. «Après les appels de la communauté internationale à cesser immédiatement toutes les actions militaires dans la zone de conflit du Haut-Karabagh, la ligne de conflit a été relativement calme», a déclaré Chouchane Stepanian, une porte-parole du ministère arménien de la Défense.