Tandis que les combats se poursuivent entre soldats azerbaïdjanais et forces de la République autoproclamée du Haut-Karabagh soutenue par l'Arménie, Emmanuel Macron a fait état d'informations selon lesquelles des djihadistes venus de Syrie auraient rejoint le champ de bataille.
«Selon nos propres renseignements, 300 combattants ont quitté la Syrie pour rejoindre Bakou en passant par Gaziantep [en Turquie]. Ils sont connus, tracés, identifiés, ils viennent de groupes djihadistes qui opèrent dans la région d'Alep», a déclaré le chef d'Etat français au cours d'un sommet de l'Union européenne, dans la nuit du 1er au 2 octobre. Il a précisé que des contingents similaires se préparaient à rejoindre les combats.
Estimant qu'une «ligne rouge» a été franchie, Emmanuel Macron a haussé le ton envers Ankara : «J'appellerai le président Erdogan dans les tous prochains jours parce qu'en tant que coprésident du groupe de Minsk je considère que c'est la responsabilité de la France de demander des explications.» Le président français a ensuite interpellé l'OTAN, dont la Turquie, qui entretient des relations particulièrement tendues avec la France, est membre.
La veille, la Russie (avec qui Paris et Washington ont signé un communiqué commun réclamant un cessez-le-feu dans le Haut-Karabagh) s'était inquiétée de la présence de mercenaires dans la région. «Des militants de formations armées illégales sont transférés dans la zone de conflit du Haut-Karabagh [...] notamment depuis la Syrie et la Libye», avait déclaré le ministère russe des Affaires étrangères.
Le même jour, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait annoncé avoir convenu avec Ankara d'une «coordination étroite pour stabiliser la situation» sur place, alors que Moscou ne cache pas son inquiétude quant au rôle joué par la Turquie dans le conflit.
L'Arménie dit avoir des «preuves» de l'implication turque
De son côté, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, dans une interview pour Le Figaro publiée le 2 octobre, a accusé la Turquie de s'aventurer sur «un chemin génocidaire».
«Ankara a fourni à Bakou des véhicules militaires, des armes, ainsi que des conseillers militaires. Nous savons que la Turquie a formé et transporté des milliers de mercenaires et de terroristes depuis les zones occupées par les Turcs dans le nord de la Syrie», a encore accusé le responsable arménien, affirmant détenir des «preuves» de ses dires.
Sur le terrain, les affrontements n'ont pas cessé depuis plusieurs jours, chaque camp revendiquant des victoires locales. Les autorités de la République autoproclamée du Haut-Karabagh ont annoncé ce 2 octobre avoir abattu un avion de chasse et un drone azerbaïdjanais, mais l'information n'a pas été confirmée par Bakou. La veille, le ministère de la Défense d'Azerbaïdjan avait rapporté avoir frappé un système de missile arménien C-300 dans la région, mais Erevan a démenti.
Le 1er octobre, au moins quatre civils sont morts et 11 personnes ont été blessées lors de bombardements sur la ville de Martouni, située dans le Haut-Karabagh, selon les forces de ce territoire disputé. Deux journalistes français du Monde et deux de leurs confrères arméniens figurent parmi les blessés.
Mais les informations précises, notamment en termes de bilan, se font rares. L'Arménie a annoncé la mort de 104 de ses militaires et de 13 civils depuis la reprise des combats le 27 septembre. L'Azerbaïdjan a de son côté annoncé la mort d'au moins 19 civils, mais n'a pas communiqué de chiffres sur les pertes militaires de son côté. Chaque camp mène en revanche une guerre des chiffres envers l'autre. Ainsi, Bakou fait état de 1 900 soldats arméniens morts, tandis que Erevan rapporte le décès de 1 280 militaires azerbaïdjanais.