A l'initiative de la partie arménienne, le président russe Vladimir Poutine a eu le 2 octobre 2020 une conversation téléphonique avec le Premier ministre de la République d'Arménie, Nikol Pachinian, sur la présence potentielle de combattants djihadistes dans le Haut-Karabagh, théâtre de combats entre Arméniens et Azerbaïdjanais. Les deux dirigeants ont exprimé «leur sérieuse préoccupation concernant les informations reçues sur l'engagement de groupes armés illégaux du Moyen-Orient» dans le conflit du Haut-Karabagh, a fait savoir le Kremlin dans un communiqué publié au sixième jour de violents combats dans cette région séparatiste.
Vladimir Poutine a une fois de plus insisté sur la nécessité de mettre immédiatement fin aux hostilités et de reprendre les efforts politiques et diplomatiques pour résoudre le conflit, conformément à la déclaration du 1er octobre des coprésidents du groupe de Minsk : la Russie, la France et les Etats-Unis.
Le 2 octobre, Emmanuel Macron avait fait état d'informations selon lesquelles des djihadistes venus de Syrie auraient rejoint le champ de bataille. «Selon nos propres renseignements, 300 combattants ont quitté la Syrie pour rejoindre Bakou en passant par Gaziantep [en Turquie]. Ils sont connus, tracés, identifiés, ils viennent de groupes djihadistes qui opèrent dans la région d'Alep», a déclaré le chef d'Etat français dans la nuit du jeudi au vendredi en marge d'un sommet de l'Union européenne. Il a précisé que des contingents similaires se préparaient à rejoindre les combats.
En outre, Moscou s'était déjà inquiété de la présence de «militants de formations armées illégales» dans la région. Erevan avait déjà affirmé, de son côté, disposer d'informations «selon lesquelles la Turquie recrut[ait] des terroristes et des mercenaires dans certains pays du Moyen-Orient et les envo[yait] en Azerbaïdjan». Des accusations démenties par Bakou. Cité par l'agence Reuters le 28 septembre, Hikmat Hajiyev, un assistant de politique étrangère du président de la République d'Azerbaïdjan Ilham Aliyev, avait déclaré qu'il était «complètement absurde» de dire que des combattants syriens venaient pour aider son pays : «Nos forces armées ont plus qu'assez de personnel et de forces de réserve», avait-il affirmé.
La région du Haut-Karabagh, peuplée majoritairement d'Arméniens, est considérée comme partie intégrante de l'Azerbaïdjan par les Nations unies. L'Arménie reconnaît, elle, l'indépendance de fait du Haut-Karabagh, autoproclamée par les autorités locales au début des années 1990. La région est le théâtre d'affrontements entre Arméniens et Azerbaïdjanais depuis le 27 septembre.