Le président américain Donald Trump a jeté son dévolu sur la juge conservatrice Amy Coney Barrett pour remplacer Ruth Bader Ginsburg à la Cour suprême des Etats-Unis, le tribunal de dernier ressort juridique américain.
«Aujourd'hui c'est mon privilège de nommer une de plus brillante et plus douée magistrate du pays à la Cour suprême. C'est une femme aux réussites inégalées, à la grande intelligence, et d'une loyauté inflexible à la Constitution», a déclaré Donald Trump depuis la Maison Blanche ce 26 septembre.
«J'aime les Etats-Unis et j'aime la Constitution des Etats-Unis», a déclaré Amy Coney Barrett lors d'une brève allocution au cours de laquelle elle a rendu un hommage appuyé à Ruth Bader Ginsburg.
Magistrate à la cour d'appel des Etats-Unis, cette catholique pratiquante, personnellement opposée à l'avortement et mère de sept enfants, apparaît comme un choix stratégique dans l'optique de galvaniser l'électorat religieux conservateur de Donald Trump, à quelques semaines de l'élection présidentielle. Surtout, la magistrate pourrait inscrire durablement la Cour suprême du côté des républicains, qui disposeraient de 6 représentants, contre 3 pour les démocrates.
Après le décès de Ruth Bader Ginsburg, la nomination d'un nouveau juge à la Cour suprême des Etats-Unis s'avère cruciale en cette fin de campagne électorale, dans la mesure où l'institution pourrait être appelée à se prononcer en cas de litige sur le scrutin. Sans nomination d'ici le scrutin, les juges seraient au nombre de huit, ce qui pourrait donner lieu à un vote ex æquo, et plonger le pays dans une crise institutionnelle.
Passe d'armes entre républicains et démocrates
Mais le Sénat étant aux mains des républicains, le vote pour confirmer Amy Coney Barrett devrait avoir lieu rapidement. Donald Trump a lui-même prédit une confirmation «rapide» de la juge alors que le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell avait d'ores-et-déjà déclaré qu'il organiserait le vote avant l'élection du 3 novembre. «Nous avons promis de travailler avec le président Trump et de soutenir son programme, notamment ses choix remarquables pour les postes de juges fédéraux […] Une nouvelle fois, nous tiendrons notre promesse. Le candidat du président Trump aura droit à un vote dans l'enceinte du Sénat des Etats-Unis», avait-il fait savoir dans un communiqué.
Côté démocrate, le candidat à la présidentielle, Joe Biden avait accusé, le 21 septembre, Donald Trump d'exercer le pouvoir de manière «brutale» en essayant de nommer un nouveau juge à la Cour suprême avant le scrutin. Dans un communiqué publié dans la foulée de la nomination d'Amy Coney Barrett, il a appelé samedi le Sénat à ne pas se prononcer sur cette nomination avant l'élection présidentielle du 3 novembre.
Du reste, les démocrates ne disposent pas de beaucoup d'armes juridiques pour empêcher le vote. Interrogée à ce sujet sur ABC le 20 septembre, la cheffe d'opposition démocrate au Congrès, Nancy Pelosi, a toutefois assuré avoir «des cordes à son arc», sans donner plus de précision.
Quoi qu'il en soit, la nomination d'un nouveau juge à la Cour suprême des Etats-Unis ne sera pas simple pour le président américain. Les républicains disposent d'une courte majorité de 53 élus sur 100 au Sénat. Or deux sénatrices républicaines, Lisa Murkowski et Susan Collins, ont d'ores et déjà déclaré qu'elles ne voteraient pas pour nommer un juge à la Cour suprême américaine avant la présidentielle du 3 novembre, contrairement aux injonctions de Donald Trump. Un temps incertain, le Senateur Mitt Romney a quant à lui fait savoir le 22 septembre qu'il soutiendrait un pourvoi rapide du siège à la Cour suprême des Etats-Unis. Les républicains ont besoin d'au moins 50 voix pour confirmer Amy Coney Barrett, le vice-président Mike Pence étant chargé de trancher en cas d'égalité.
Les neuf juges de la Cour suprême sont nommés à vie, et Donald Trump a déjà procédé à deux nominations, celles de Neil Gorsuch et celle très mouvementée, de Brett Kavanaugh.