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Pour la 4ème fois en 4 jours, Washington modifie la version de sa frappe contre l’hôpital de Kunduz

MSF a critiqué la conférence de presse du général américain John Campbell, lors de laquelle ce dernier a reconnu que les USA avaient bombardé l’hôpital par erreur, estimant que c’était une tentative de modifier l’histoire.

L’audition de John Campbell

D’après un haut responsable militaire américain en Afghanistan, une erreur est à l’origine des frappes aériennes qui ont touché l’hôpital de MSF dans la ville afghane de Kunduz le 3 octobre et qui ont tué 22 personnes.

«L’hôpital a été touché par erreur. Nous n’aurions jamais visé délibérément une installation médicale», a déclaré le général américain John Campbell lors d’une audience devant les parlementaires américains.

La décision de procéder à ces frappes a été prise dans le cadre d’un soutien aérien sollicité par les forces afghanes qui combattaient les talibans à Kunduz, a confirmé le général, en soulignant qu’elle avait été prise «au sein de la chaîne de commandement des Etats-Unis».

«Même si les Afghans nous ont demandé ce soutien, toutes les décisions passent à travers une procédure rigoureuse» avant qu’une frappe soit effectuée, a expliqué le responsable.

Le général a ajouté que, sous son commandement, des séances d’entraînement spéciales avaient été ordonnés aux troupes américaines dans le but d’éviter à l’avenir ce genre de tragédies.

En outre, les Etats-Unis pourraient publier un rapport concernant les frappes qui ont touché l’hôpital de MSF à Kunduz d’ici 30 jours, a encore fait savoir le responsable.

Au vu de la situation compliquée qui règne sur le terrain, où les forces talibanes ont intensifié leurs opérations et sont parvenues à reprendre la ville de Kunduz, les Etats-Unis doivent pourtant reconsidérer la date butoir de 2017 qu’ils avaient fixé pour procéder au retrait total de leurs forces d’Afghanistan, de même que la réouverture de l’ambassade américaine dans le pays vers la même date, a souligné John Campbell.

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John Campbell a fait ces déclarations dans le cadre d’une audition devant la commission des services armés du Sénat. L’administration américaine a en effet ouvert une enquête sur le rôle joué dans cet incident par un avion américain AC-130 qui menait des opérations d’appui au sol.

La réaction de MSF

MSF a dénoncé mardi l’audition de John Campbell comme un effort de rejeter la faute sur les Afghans. Le directeur général de l’ONG, Christopher Stokes, a déclaré : «Les militaires américaines restent responsables des cibles qu’ils ont frappées, bien qu’ils fassent partie de la coalition».

John Campbell n’a pas expliqué si les procédures ayant abouti aux frappes aériennes avaient tenu compte des coordonnées GPS de l’hôpital qu’avait fournies MSF aux militaires américains. La présidente de l’organisation Joanne Liu affirme que ces coordonnées «ont été régulièrement partagées» avec les Etats-Unis, la coalition et les militaires afghans «tout récemment, le 29 septembre».

Comment l’histoire a été modifiée

«Les forces américaines ont mené une attaque aérienne dans la ville de Kunduz à 02h15 (locale), le 3 octobre, contre des individus qui menaçaient nos forces. Cette frappe peut avoir entraîné des dommages collatéraux pour un établissement médical situé à proximité».

Colonel Brian Tribus, porte-parole des forces américaines dans la région.

«Les forces américaines ont mené une attaque aérienne dans la ville de Kunduz à 02h15 (locale), le 3 octobre, contre des insurgés qui ouvraient le feu contre les membres des forces armées américaines qui conseillent et assistent les forces de sécurité afghanes dans la ville de Kunduz. La frappe a été effectuée à proximité d’un établissement médical de Médecins sans frontières».

Colonel Brian Tribus, porte-parole des forces américaines dans la région.

«Nous avons appris que le 3 octobre, des forces afghanes ont déclaré être sous le feu de positions ennemies et demandé un soutien aérien des forces américaines. Une frappe aérienne a été réclamée pour éliminer la menace talibane et plusieurs civils ont accidentellement été touchés. C’est différent de ce qui a été annoncé initialement et qui indiquait que des forces américaines étaient menacées et qu’elles ont demandé un appui aérien».

Général John Campbell, patron de la mission de l'OTAN en Afghanistan

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«Même si les Afghans nous ont demandé ce soutien, toutes les décisions passent à travers une procédure rigoureuse avant qu’une frappe soit effectuée. Nous avions une unité des forces spéciales qui était à proximité et qui parlait avec l’avion qui a effectué les frappes».

Général John Campbell, patron de la mission de l'OTAN en Afghanistan