A l'occasion de l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies (ONU), ce 22 septembre par visioconférence, le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé à un «dialogue sincère» pour résoudre le conflit en Méditerranée orientale qui oppose son pays à la Grèce et à l'Union européenne (UE), tout en rejetant tout «harcèlement» visant la Turquie. «Notre priorité est de résoudre les conflits par un dialogue sincère, fondé sur le droit international et une base équitable», a déclaré le chef de l'Etat turc. Et d'ajouter : «Cependant, je veux clairement affirmer que nous ne tolérerons jamais aucun diktat, harcèlement ou attaque.»
Recep Tayyip Erdogan a par ailleurs proposé l'organisation d'une conférence régionale pour discuter «des droits et des intérêts» des pays riverains de la Méditerranée orientale, comprenant aussi l'autoproclamée République turque de Chypre-Nord (RTCN). Pour le président turc, «les initiatives unilatérales prises par la Grèce et les Chypriotes grecs» sont à l'origine de la crise en Méditerranée.
Sur un tout autre sujet, Recep Tayyip Erdogan a par ailleurs également critiqué dans son discours, sans les nommer, les pays qui ont annoncé «leur intention d'ouvrir des ambassades à Jérusalem, en violation des résolutions des Nations unies et du droit international». Selon lui, seule la création d'un «Etat palestinien indépendant et souverain» ayant Jérusalem-Est comme capitale pourrait résoudre le conflit. Et d'affirmer : «Chercher des solutions autre que celle-ci sera vain, unilatéral et injuste.»
Turquie et Grèce, «prêtes pour commencer des pourparlers exploratoires»
A l'issu d'une conférence téléphonique le même jour entre Recep Tayyip Erdogan, la chancelière allemande Angela Merkel et le président du Conseil européen Charles Michel, les participants ont affirmé que la Turquie et la Grèce étaient «prêtes pour commencer des pourparlers exploratoires» au sujet de la Méditerranée orientale où les deux pays se disputent des zones potentiellement riches en gaz naturel, selon la présidence turque.
D'après cette même source, le chef de l'Etat turc a affirmé lors de la réunion que «l'élan visant à faire baisser les tensions et à exploiter les canaux de dialogue [devait] être appuyé par des mesures réciproques».
«La Grèce et la Turquie sont tombées d'accord pour entamer [...] des pourparlers exploratoires bientôt à Istanbul», a déclaré de son côté le ministère grec des Affaires étrangères dans un communiqué, une première depuis 2016.
Macron et Erdogan s'appellent pour évoquer les tensions en Méditerranée orientale
Lors d'un entretien téléphonique le 23 septembre avec son homologue turc, Emmanuel Macron a appelé la Turquie à «respecter pleinement la souveraineté des Etats membres de l'Union européenne ainsi que le droit international, à s'abstenir de toute nouvelle action unilatérale de nature à provoquer des tensions, et à s'engager sans ambiguïté dans la construction d'un espace de paix et de coopération en Méditerranée», selon la présidence française citée par l'AFP.
Le président français a aussi appelé à ce qu'«un dialogue similaire dans le même esprit soit accepté par la Turquie avec la République de Chypre», selon l'Elysée.
De son côté, la présidence turque a fait savoir que le président Erdogan attendait de la France «du bon sens et une attitude constructive dans ce processus».
Les relations entre la France et la Turquie se sont considérablement détériorées ces dernières semaines. Le 12 septembre, le président turc avait déjà prié son homologue français de «ne pas chercher querelle à la Turquie». «[Emmanuel] Macron, vous n'avez pas fini d'avoir des ennuis avec moi», avait-il lancé, s'en prenant pour la première fois directement et nommément au président de la République française.
Des tensions sur fond de gisements d'hydrocarbure
Des propos tenus deux jours après une déclaration d'Emmanuel Macron pendant un sommet des pays du sud de l'Union européenne en Corse. «Force est de constater que la Turquie n'est plus un partenaire dans cette région», avait notamment lancé le chef d'Etat lors d'une conférence de presse à Ajaccio, le 10 septembre.
Les déclarations de Recep Tayyip Erdogan surviennent alors que la Turquie et la Grèce, toutes deux membres de l'Otan – se déchirent à propos de gisements d'hydrocarbures en Méditerranée orientale – dans une zone qu'Athènes estime relever de sa souveraineté. Le 10 août, la Turquie avait envoyé un navire de prospection sismique accompagné de navires de guerre dans les eaux entre la Grèce et Chypre.
La tension s'était aggravée fin août lorsque les deux pays avaient effectué des manœuvres militaires rivales. La France avait alors déployé des moyens militaires dans la zone en soutien à la Grèce, membre de l'Union européenne. Mais le retour récent au port d'un navire turc de recherche déployé en Méditerranée orientale a suscité des espoirs d'apaisement.