Dans une tribune parue le 11 septembre dans Le Parisien, plusieurs dizaines de parlementaires français, dont certains de la majorité, et européens demandent le «rapatriement des enfants français et de leurs mères détenus arbitrairement en Syrie», au nom des impératifs humanitaire et sécuritaire.
Plus de trois cents enfants sont décédés dans le seul camp d'Al Hol en 2019
Le rapatriement, «un impératif sécuritaire» selon ces députés
«Au nom de l'impératif humanitaire, nous, parlementaires, appelons la France à rapatrier immédiatement les enfants français victimes de traitements inhumains et dégradants qui périssent dans les camps syriens», écrivent les 76 élus aux parlements, dont les députés Clémentine Autain (LFI), Matthieu Orphelin (EDS), et les députés européens Karima Delli (Verts/ALE), Raphaël Glucksmann (S&D) ou Yannick Jadot (Verts/ALE).
Environ 200 enfants français, rappellent les signataires, sont détenus dans des conditions sanitaires déplorables dans des camps et prisons dirigés par des Kurdes dans le nord-est de la Syrie. «Plus de trois cents enfants sont décédés dans le seul camp d'Al Hol en 2019», soulignent-ils, «et des dizaines d'enfants sont morts de malnutrition, de déshydratation, d'arrêts cardiaques et d'hémorragies internes depuis le début de l'été», dans cette région où les températures ont régulièrement dépassé les 40°.
Depuis des mois, Daesh appelle publiquement ses partisans à libérer ces femmes pour mieux les enrôler et faire grossir ses rangs
«Laisser périr ces enfants dans ces camps en les exposant directement à des traitements inhumains et dégradants est contraire à tous nos engagements internationaux et indigne de notre Etat de droit» ajoutent les élus, rappelant que le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), le Défenseur des droits (Claire Hédon), et nombre d'autres organismes appellent régulièrement au rapatriement de ces enfants et de leurs mères.
Le rapatriement de celles-ci, soulignent les signataires, est une nécessité dictée «avant tout par un impératif sécuritaire. Pour notre sécurité en effet, les mères de ces enfants ne peuvent rester dans les camps de Roj et d'Al Hol où les évasions et les insurrections se multiplient : elles doivent être rapatriées afin d’être jugées et condamnées en France».
«Depuis des mois, Daesh appelle publiquement ses partisans à libérer ces femmes pour mieux les enrôler et faire grossir ses rangs» et «les camps de Roj et d'Al Hol sont des foyers de violence et de radicalisation extrêmement dangereux» continuent-ils. Toutes font l'objet d'une procédure judiciaire antiterroriste en France, rappelle le texte, demandant au gouvernement d'«avoir confiance en la justice antiterroriste de notre pays».
Le rapatriement des femmes et des enfants français détenus en Syrie est effectué selon la doctrine du «cas par cas», adoptée par le gouvernement, qui a fait revenir jusqu'ici 28 mineurs, majoritairement des orphelins, ou les enfants des rares mères qui acceptent de s'en séparer.
Ce 12 septembre dans l'après-midi, le collectif Familles Unies, qui regroupe des proches de ces détenus français, va manifester devant le secrétariat d'Etat à l'enfance, dans le VIIe arrondissement de Paris, pour demander à nouveau le retour des enfants.
En 2019, 517 personnes, dont 371 enfants, sont morts dans le camp d'Al-Hol, avait affirmé mi-janvier une responsable du Croissant-Rouge kurde citée par l'AFP. Les forces kurdes avaient annoncé détenir environ 12 000 étrangers, 4 000 femmes et 8 000 enfants, dans trois camps de déplacés du nord-est, la grande majorité dans celui d'Al Hol. Celles-ci ont souvent appelé les pays concernés à rapatrier leurs ressortissants, affirmant ne pas être en mesure de les garder sur le long terme.