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Football Leaks : le lanceur d'alerte Pinto clame sa «fierté» à l'ouverture de son procès au Portugal

A l'origine d'une fuite de documents mettant en cause les pratiques fiscales de stars du football, le lanceur d'alerte Rui Pinto doit répondre de 90 chefs d'accusation devant la justice portugaise. Il a déjà passé un an en détention provisoire.

Les «Football Leaks» sont «un motif de fierté et pas de honte», a affirmé ce 4 septembre à l'ouverture de son procès à Lisbonne Rui Pinto, source de ces révélations qui ont secoué le monde du foot-business.

«J'ai été indigné par ce que j'ai découvert et j'ai décidé de le rendre public», a dit ce Portugais de 31 ans lors d'une brève déclaration initiale après l'ouverture de l'audience.

«Mon travail de lanceur d'alerte est terminé [...] Je n'ai jamais rien fait pour l'argent», a ajouté le jeune homme aux cheveux hérissés, le visage couvert par un masque chirurgical, vêtu d'un jean et d'une chemise bleu foncé aux manches retroussées.

Les «Football Leaks» – littéralement «fuites du football» – ont mis en lumière des mécanismes d'évasion fiscale, des soupçons de fraude et de corruption mettant en cause plusieurs joueurs vedettes et dirigeants de clubs.

Au cours d'un procès qui devrait durer plusieurs mois, Rui Pinto doit répondre de 90 chefs d'accusation, dont une série de délits informatiques et de violation de correspondance. Il est également accusé de tentative d'extorsion contre le fonds d'investissement Doyen Sports qui a déclenché cette affaire en déposant une plainte en octobre 2015. Au Portugal, le crime de tentative d'extorsion est passible d'une peine comprise entre 2 ans et 5 mois et 10 ans de prison.

Les avocats du «hacker» – qui le décrivent depuis la première heure comme «un grand lanceur d'alerte européen» – feront appel à 45 témoins parmi lesquels Edward Snowden, ancien employé du renseignement américain inculpé pour espionnage, ou l'ancienne juge financière française Eva Joly.

Après son extradition depuis la Hongrie – où il vivait lors de son arrestation en janvier 2019 – et une année passée en détention provisoire au Portugal, Rui Pinto a décidé de coopérer avec la justice de son pays dans d'autres affaires et bénéficie d'un statut de témoin protégé.