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Pêche interdite, quatre heures d'électricité par jour : Israël resserre le blocus sur Gaza

Israël a intensifié les restrictions imposées à la bande de Gaza où vivent deux millions de Palestiniens, dans le cadre d'un blocus appliqué depuis plus de dix ans. Les bombardements de positions du Hamas sont en outre quotidiens depuis le 6 août.

Les Palestiniens de la bande de Gaza, coincés entre la mer, l'Egypte et Israël, continuent de subir les restrictions imposées par l'Etat hébreu. Le gouvernement de Benjamin Netanyahou a en effet intensifié ces derniers jours son blocus sur Gaza – en vigueur depuis plus d'une décennie – en interdisant aux pêcheurs gazaouis de sortir en mer et en fermant le seul point de passage des marchandises entre Gaza et Israël, freinant ainsi les livraisons de carburant et entrainant la «fermeture complète» le 18 août de la centrale électrique de ce territoire palestinien. 

Cette centrale est la seule restante dans l'enclave où l'électricité est fournie par Israël, après que l'Egypte d'Abdel Fattah al-Sissi a cessé sa fourniture en février.

Des restrictions et des punitions collectives contre plus de deux millions de Palestiniens de Gaza

Résultat : les Gazaouis vivent actuellement avec trois à quatre heures d'électricité par jour, contre huit à 12 heures auparavant. De nombreux témoignages d'habitants de l'enclave attestent de la situation sur les réseaux sociaux. C'est le cas d'Abier Almasri, assistante de recherche pour Human Rights Watch. «Les drones israéliens planant au-dessus de nos têtes nous rappellent constamment qu'ils peuvent tuer n'importe qui, à tout moment. Maintenant, nous avons quatre heures d'électricité par jour puisque la centrale a dû fermer après qu'Israël a bloqué l'entrée de carburant. Tout est noir et chaud ici. Rallumez nos lumières ... Ouvrez Gaza», a écrit la jeune femme sur son compte Twitter. Ziad Medoukh, professeur de Français à l'université al-Aqsa-de Gaza, dénonce également «l'étranglement» de la population palestinienne avec «des restrictions et des punitions collectives contre plus de deux millions de Palestiniens de Gaza».

Bombardements toutes les nuits depuis le 6 août

La décision israélienne d'interrompre la livraison de gasoil en direction de la centrale est, expliquent des médias israéliens, une réponse à la vague continue de «ballons incendiaires» lancés depuis Gaza, causant des dégâts dans plusieurs communautés israéliennes du sud. Par ailleurs, toujours en guise de représailles à ces lancers de ballons incendiaires – ou plus rarement des tirs de roquettes – l'Etat hébreu a bombardé la bande de Gaza presque toutes les nuits depuis le 6 août, rapporte l'AFP. Ce 20 août, l'armée israélienne a encore annoncé que des chars ont bombardé, dans la nuit, des positions du Hamas. Dans un bref communiqué, Tsahal a expliqué que ses «chars avaient visé des postes militaires du Hamas» dans la bande de Gaza après des tirs de «ballons incendiaires» depuis ce territoire vers Israël.

Ces échanges de tirs interviennent après la visite à Gaza et en Israël d'une délégation de l'Egypte – pays arabe frontalier de ce territoire palestinien et ayant déjà signé la paix avec Israël (1979) – et avait notamment joué les intermédiaires l'an dernier pour favoriser une trêve entre les deux camps. Toutefois malgré cette trêve qui prévoyait notamment des millions de dollars en aide financière de l'émirat du Qatar à Gaza, le Hamas et Israël s'affrontent de manière sporadique. Des roquettes et des ballons incendiaires sont régulièrement tirés ces derniers mois depuis Gaza vers Israël dans le but affiché de pousser l'Etat hébreu à permettre le transit de ces sommes ou, plus généralement, pour tenter de lever le blocus.

La trêve négociée prévoyait aussi le financement de projets de développement dans la bande de Gaza et l'octroi de permis de travail en Israël à des ouvriers gazaouis, afin de donner un peu d'oxygène à l'économie dans cette enclave, très densément peuplée, où le taux de chômage dépasse 50%, dont plus de 65% chez les jeunes. Le Hamas a en outre demandé de doubler, à 10 000, le nombre d'ouvriers gazaouis pouvant traverser en Israël pour y travailler une fois les mesures anti-Covid levée, selon une source anonyme proche du Hamas, citée par l'AFP. L'accord de trêve prévoyait également une aide financière mensuelle de 30 millions jusqu'à la fin du mois de septembre. Selon cette même source proche du Hamas, «le Qatar a accepté d'augmenter la subvention financière de 10 millions de dollars par mois». Le président du comité du Qatar pour la reconstruction de Gaza, l'ambassadeur Mohammed al Emadi, avait fait état le 19 août au soir «d'efforts intensifs pour contenir l'escalade» entre Israël et le Hamas.

Meriem Laribi