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Comptes de partisans de Bolsonaro bloqués : Facebook dénonce une décision «extrémiste»

Contraint par la Cour suprême brésilienne à bloquer 12 comptes de soutiens du président Jair Bolsonaro, Facebook a promis de faire appel.

Le 1er août, Facebook a qualifié d’«extrémiste» la décision d'un juge de la Cour suprême brésilienne ordonnant de bloquer les comptes de 12 alliés de premier plan du président du Brésil, Jair Bolsonaro. La société américaine a promis de faire appel.

Les tensions s'intensifient entre le chef de l'Etat brésilien et la Cour suprême, qui enquête sur des allégations selon lesquelles plusieurs membres de l'entourage de Jair Bolsonaro mèneraient sur les réseaux sociaux une campagne visant à discréditer cette institution judiciaire et à en menacer les juges.

Cette nouvelle décision de justice est extrémiste, elle représente une menace pour la liberté d'expression et entre en conflit avec les lois et les juridictions du monde entier.

«Cette nouvelle décision de justice est extrémiste, elle représente une menace pour la liberté d'expression et entre en conflit avec les lois et les juridictions du monde entier», a déclaré Facebook dans un communiqué.

«Monsieur Bolsonaro et ses amis ne sont pas au-dessus des lois, mais ils ne sont pas non plus en-dessous des lois. Et il est regrettable que la Cour suprême, qui devait être la garante de l'Etat de droit au Brésil, pratique ces choses-là [...] nous avons une grave atteinte à la démocratie provenant de ceux qui sont censés la défendre», a estimé sur RT France le spécialiste en relations internationales Driss Ghali. Et d'ajouter : «Facebook [rappelle] que la loi brésilienne n'est pas extraterritoriale. Or les ministres de la Cour suprême brésilienne sont allés chercher les comptes [Facebook] aux Etats-Unis [...] C'est une jurisprudence très grave.»

12 comptes Facebook et 16 comptes Twitter suspendus

Le juge Alexandre de Moraes avait ordonné en juillet la suspension de 12 comptes Facebook et de 16 comptes Twitter pour mettre fin à «la diffusion de fausses nouvelles, d'accusations diffamatoires, de menaces et de crimes» contre la plus haute instance du pouvoir judiciaire brésilien. 

Parmi les comptes suspendus figuraient ceux de l'ancien député conservateur Roberto Jefferson, du magnat des affaires Luciano Hang et de la militante Sara Winter.

Le 25 juillet, les deux réseaux sociaux avaient effectivement bloqué l'accès aux comptes, mais seulement pour les internautes qui tentaient d'y accéder depuis le Brésil. Toutefois, les propriétaires des comptes suspendus avaient rapidement contourné l'interdiction en indiquant à leurs abonnés comment modifier les paramètres de leur compte pour les faire apparaître comme provenant d'un autre pays que le Brésil.

En réponse, le juge Moraes a ordonné le 30 juillet aux réseaux sociaux d'appliquer la suspension pour les internautes du monde entier.

Devant le refus de Facebook, Alexandre de Moraes a frappé la société d'une amende de 1,9 million de réaux (environ 310 000 euros) et cité à comparaître son dirigeant au Brésil, Conrado Lester.

«Face à la menace de tenir un employé de Facebook Brésil pour pénalement responsable, nous n'avons pas d'autre choix que de nous conformer à la décision en bloquant les comptes dans le monde entier», a écrit Facebook dans son communiqué.

De son côté, Jair Bolsonaro a également annoncé un recours devant la Cour suprême fédérale.