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«Nous sommes là pour rester» : menacé d’interdiction par Donald Trump, TikTok tente de rassurer

La responsable de TikTok aux Etats-Unis a tenté de rassurer les utilisateurs de l'application, tout en rappelant son ancrage économique sur le territoire. Mais la volonté affichée par Donald Trump d'interdire la plateforme rend son avenir incertain.

«Nous avons entendu votre élan de soutien et nous tenons à vous remercier [...] Nous sommes là pour rester», a déclaré le 1er août Vanessa Pappas, responsable de la branche étasunienne de TikTok, aux utilisateurs de l'application, au lendemain de l'annonce par le président Donald Trump de son intention d'interdire le réseau social très populaire dans son pays.

«Nous n'avons pas l'intention de partir», a-t-elle insisté dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux à l'attention des utilisateurs inquiets après l'annonce de l'interdiction. «Je veux remercier les millions d'Américains qui utilisent TikTok tous les jours, apportant créativité et joie à nos vies quotidiennes», a en outre déclaré Vanessa Pappas. Désireuse de souligner l'ancrage économique du réseau social aux Etats-Unis, la responsable s'est dite «fière» des 1 500 employés américains et des «10 000 emplois additionnels que nous allons créer dans ce pays au cours des trois prochaines années».

Guerre froide sino-américaine en toile de fond

La plateforme américaine, qui appartient au groupe chinois ByteDance, est soupçonnée par Washington de partager ses données avec Pékin, ce que l'entreprise a toujours fermement nié. Selon l'agence Reuters, ByteDance a proposé de vendre la branche américaine de TikTok, comme l'y incitaient les Etats-Unis. Plusieurs médias américains assuraient que Microsoft était en négociations avancées pour la racheter, mais l'annonce de Donald Trump semble remettre l'application sur la sellette.

L'annonce est intervenue après des semaines de rumeurs et de pression. De son côté, la Maison Blanche avait fini par assurer le 31 juillet que le président s'apprêtait à signer un ordre officiel visant à obliger ByteDance à se séparer de l'application américaine, au nom de la protection de la sécurité nationale. Mais le même jour, à bord de l'avion présidentiel, Donald Trump a pris tout le monde de court en annonçant purement et simplement qu'il «bannissait TikTok des Etats-Unis». Il a aussi précisé aux reporters qui l'accompagnaient qu'il n'était pas en faveur d'une opération de rachat des activités américaines de TikTok par une société de son pays.

Les négociations entre Microsoft et TikTok se sont donc retrouvées au point mort le 1er août, d'après le Wall Street Journal, repris par l'AFP, suite à l'opposition du président américain. Selon le quotidien économique, les discussions auraient pourtant pu aboutir dès le 3 août. Les deux sociétés attendraient désormais plus de clarté de la part de la Maison Blanche.

TikTok est un réseau social proposant principalement des vidéos musicales courtes. Il compte près d'un milliard d'utilisateurs dans le monde. L'application a vu sa popularité décupler pendant la période de confinement et de distanciation sociale induite par la pandémie de coronavirus.

«Les Etats-Unis seraient les grands perdants si TikTok était bannie», a déclaré le 1er août Daniel Castro, vice-président de la Information Technology and Innovation Foundation, dont les vues sont généralement alignées sur celles des géants de la tech, toujours cité par l'agence de presse. «Des millions d'Américains, y compris de nombreux supporters de Trump, l'utilisent pour créer et partager des contenus. [...] Tous ses serveurs sont situés hors de Chine, et il n'y a aucune preuve qu'elle constitue une menace pour la sécurité nationale», a-t-il ajouté.

Mais si selon Daniel Castro, des soutiens du 45e président des Etats-Unis utilisent la plateforme, ses opposants ne sont pas en reste. Lors du premier meeting de campagne de Donald Trump dans la course à sa réélection, le 20 juin à Tulsa (Oklahoma), des utilisateurs de TikTok auraient saboté la réunion en réservant de nombreuses places du Bank of Oklahoma Center avec l'intention de ne pas s'y rendre. Selon un journaliste de Forbes, seulement 6 200 sièges de l'enceinte était occupés sur 19 200.

«Nous devons être vigilants sur le risque que des données privées et sensibles soient transférées à des gouvernements abusifs, y compris le nôtre [...] Mais bannir une plateforme, même si c'était légalement possible, nuit à la liberté d'expression en ligne et ne fait rien pour résoudre le problème plus vaste de la surveillance gouvernementale non justifiée», a fait savoir Jennifer Granick, de l'organisation de défense des droits civiques ACLU, toujours selon l'AFP.

Ces derniers mois, TikTok a tenté de démontrer que son identité et ses pratiques étaient solidement ancrées aux Etats-Unis. L'entreprise a notamment annoncé le 30 juillet son intention d'investir plus d'un milliard de dollars aux Etats-Unis au cours des trois prochaines années.