Ce 30 juillet en conférence de presse, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a démenti toute tentative de déstabilisation de la Biélorussie, après l'arrestation d'une trentaine de mercenaires de nationalité russe dans ce pays. A quelques jours de la présidentielle, Minsk accusait ces derniers de tenter de commettre des actes terroristes, et réclamait des explications à Moscou. Le porte-parole du Comité d'enquête biélorusse, Sergueï Kabakovitch, a fait savoir que les individus interpellés étaient «accusés d'être des employés de la compagnie militaire privée Wagner, poursuivis dans le cadre d'une enquête criminelle pour organisation d'émeutes de masse».
«Nous n'avons aucune information sur une quelconque activité illégale menées par [les individus arrêtés]», a expliqué Dmitri Peskov, réclamant aux autorités biélorusses des explications détaillées quant à la détention de ces citoyens russes et priant de respecter leurs droits.
Commentant les «insinuations» selon lesquelles Moscou tenterait de déstabiliser le pays, le porte-parole du Kremlin a fait valoir : «Il est évident que ça ne peut être le cas, la Russie et la Biélorussie sont des alliés, les partenaires les plus proches.»
Plus tard le 30 juillet, le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que «la tentative de présenter ce qui s'est passé comme une ingérence étrangère dans les affaires de la république de Biélorussie était au minimum étonnante». Et d'ajouter : «Les autorités biélorusses [...] ont tous les documents nécessaires à leur disposition pour établir la vérité. [...] Il faut arrêter d'attiser les émotions négatives inutiles, surtout en période d'élection présidentielle.»
L'ambassadeur de Russie à Minsk s'exprime sur les ressortissants russes arrêtés
L'ambassadeur russe à Minsk, Dmitri Mezentsev, a par ailleurs été convoqué ce 30 juillet au ministère biélorusse des Affaires étrangères.
Selon des propos rapportés sur le site officiel de l’ambassade de Russie en Biélorussie, Dmitri Mezentsev a donné des informations sur la présence dans le pays des ressortissants russes interpellés. Ces Russes ont été contraints «de se rendre dans le sanatorium "Biélorussotchka" dans les environs de Minsk car, en transit [via la Biélorussie], ils avaient manqué leur vol à partir de l’aéroport national de Minsk à destination d’un pays tiers». Selon le diplomate, ces ressortissants russes envisageaient de quitter Minsk le 25 juillet et prévoyaient de revenir de cet Etat tiers dans la capitale russe bien plus tard, «également par avion, sans faire d'escale en Biélorussie». «Ils sont venus en Biélorussie au titre d'un contrat conclu avec une entreprise commerciale enregistrée ici, en Biélorussie, et chacun d’entre eux avait un contrat de travail conclu avec cette entreprise», précise encore le diplomate russe.
Dmitri Mezentsev a également déclaré que, «d’après des informations qu’il reste encore à préciser, il est possible que les citoyens russes soient employés d’une entreprise de sécurité privée qui, conformément à ses obligations contractuelles, est chargée d’assurer la protection d’infrastructures et de ressources énergétiques à l’étranger, mais pas en Biélorussie».
Les enquêteurs biélorusses accusent également deux opposants incarcérés
Le 29 juillet, le chef du service de renseignement biélorusse Valery Vakoultchik cité par Tass, avait annoncé l'arrestation de 32 ressortissants russes, membres selon lui «de l'organisation paramilitaire Wagner» près de la capitale. Un 33e homme avait été appréhendé dans le sud du pays. La société russe Wagner, à l'instar de BlackWater, fait partie des sociétés militaires privées dont les actions suscitent régulièrement la controverse.
Le secrétaire d'Etat du Conseil de sécurité de Biélorussie, Andreï Ravkov, a en outre affirmé qu'environ 200 mercenaires étaient toujours recherchés : «Nous recherchons les autres, autant chercher une aiguille dans une botte de foin.»
Le 30 juillet, les enquêteurs biélorusses ont également accusé deux opposants incarcérés depuis plusieurs semaines d'avoir voulu orchestrer des «émeutes de masse» à l'approche de la présidentielle du 9 août. «[Sergueï] Tikhanovsky, [Mikola] Statkevitch et les 33 ressortissants russes détenus, employés de la société militaire privée Wagner, sont poursuivis dans le cadre d'une enquête criminelle pour organisation d'émeutes massives. Ils agissaient ensemble», a ainsi déclaré à l'AFP Sergueï Kabakovitch, porte-parole du Comité d'enquête biélorusse.
Alors que l'élection présidentielle approche à grands pas, Alexandre Loukachenko, qui préside le pays depuis 1994, accuse Moscou depuis plusieurs mois de tentative d'ingérence dans le scrutin, ce que le Kremlin dément.