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Manifestations en Biélorussie après le rejet de la candidature d'un opposant accusé de fraude

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté en Biélorussie en soutien à Viktor Babaryko, rival du président Alexandre Loukachenko, dont la candidature a été rejetée pour les présidentielles d'août 2020. Plus de 250 personnes ont été interpellées.

Des manifestations ont eu lieu le 14 juillet dans plusieurs villes de Biélorussie, dont la capitale, Minsk, en réaction au rejet de la candidature pour les élections présidentielles de l'opposant au président Alexandre Loukachenko, Viktor Babaryko, emprisonné depuis juin pour fraude. Plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées lors de ces rassemblements, qui n'avaient pas été autorisés.

Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées à travers la Biélorussie pour exprimer leur soutien à Viktor Babaryko, ancien banquier âgé de 56 ans, mais également leur mécontentement à l'égard du gouvernement.

Dans le centre-ville de Minsk, certains contestataires ont brandi des portraits d'Alexandre Loukachenko, accompagnés du slogan «Va-t'en !», selon une journaliste de l'AFP. Par ailleurs, les manifestants ont vilipendé les policiers encadrant les rassemblements, qu'ils ont accueillis aux cris de «Honte !» et par des sifflements.

Après les manifestations, la police a déclaré avoir arrêté «plus de 250 personnes», principalement dans la capitale Minsk mais aussi dans d'autres villes. Toutefois, selon des militants biélorusses des droits de l'Homme cités par l'agence de presse russe TASS, environ 700 personnes auraient été arrêtées. Le Comité d'enquête biélorusse a, quant à lui, ouvert une enquête pour «organisation ou participation à des violations flagrantes à l'ordre public», délit passible de trois ans de prison.

«C'est un signal clair montrant que les autorités ont peur», a réagi le 14 juillet la directrice de campagne de Viktor Babaryko, Maria Kolesnikova, accusant Alexandre Loukachenko de «persécuter ses rivaux». L'équipe de l'opposant a par ailleurs annoncé qu'elle allait contester cette mesure devant la Cour suprême.

Arrêté mi-juin puis emprisonné, Viktor Babaryko fait actuellement l'objet de poursuites pour avoir dirigé un «groupe organisé» auteur de «fraudes» et de «blanchiment d'argent» via la banque Belgazprombank, une filiale du géant gazier russe Gazprom qu'il a précédemment dirigée. Sa candidature a ainsi été rejetée par la Commission électorale biélorusse qui lui reprochait notamment des revenus non déclarés et des financements étrangers de sa campagne, ce que Viktor Babaryko dément.

Cinq candidats enregistrés, deux dossiers rejetés

Parmi les sept candidats à l'élection présidentielle du 9 août 2020, cinq ont été enregistrés et validés par la Commission électorale centrale (CEC), un organisme chargé de superviser la mise en œuvre des procédures électorales. 

La CEC a également refusé la candidature de l'ancien diplomate Valery Tsepkalo, autre rival de l'actuel chef de l'Etat. Toutefois, c'est en raison du nombre insuffisant de signatures nécessaires pour devenir candidat à la présidence que Valery Tsepkalo a vu sa candidature refusée. Sur les 100 000 signatures minimum requises, il en a récolté 78 000.

Quatre candidatures ont été enregistrées en plus de celle d'Alexandre Loukachenko, 65 ans, à la tête de cette ancienne république soviétique depuis 1994 et qui brigue un sixième mandat. Parmi elles, celle de Svetlana Tikhanovskaïa, 37 ans, femme du blogueur et virulent opposant Sergueï Tikhanovsky, âgé de 41 ans, très populaire sur YouTube et également emprisonné. Il avait annoncé entrer dans la course pour la présidentielle en qualifiant Alexandre Loukachenko de «cafard» corrompu qui doit être écrasé. Cependant, son arrestation pour «troubles à l'ordre public» a eu raison de ses ambitions, si bien que son épouse a pris sa place.

Les trois autres candidatures validées sont celles de l'ancienne députée Anna Kanopatskaïa, du président du mouvement Dire la vérité Andreï Dmitriev, et du chef du parti social-démocrate Sergueï Tcheretchen.

«Une affaire interne», estime Moscou

Evoquant les manifestations, le 15 juillet lors d'une prise de parole retranscrite par la présidence, le dirigeant biélorusse n'a pas hésité à accuser à la fois Moscou et l'Occident de vouloir s'ingérer dans le scrutin d'août 2020. Sous-entendant que Viktor Babaryko était financé par le Kremlin, Alexandre Loukachenko a assuré qu'il défendrait son pays «avec toutes les méthodes légales» et qu'il ne donnerait «son pays à personne». Fustigeant d'un autre côté les critiques venues de pays européens, il a ajouté : «Ne nous montrez pas du doigt en nous disant comment vivre. Nous savons déjà comment vivre.»

Les accusations ont été balayées par le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, qui a déclaré le 15 juillet à la presse que cette élection relevait de la «souveraineté biélorusse», ajoutant au sujet des troubles : «Il s'agit d'une affaire interne à la Biélorussie, notre approche ici reste inchangée.»