La date formelle de la consultation populaire est le 1er juillet mais les autorités ont ouvert les bureaux de vote dès le 25 juin afin d'éviter une trop forte affluence en raison de la pandémie du coronavirus. Masques et gels désinfectant sont mis à disposition des quelque 110 millions d'électeurs répartis sur les 11 fuseaux horaires que compte la Russie, de Kaliningrad à Petropavlovsk-Kamtchatsky.
Plus tôt, la présidente de la Commission électorale centrale (CEC) Ella Pamfilova, a affirmé que plus de 96 500 bureaux de vote seraient ouverts dans le cadre du référendum sur les amendements dans tout le pays. Tandis que les Moscovites et les habitants de la région de Nijni Novgorod auraient la possibilité d'avoir recours au vote électronique du 25 au 30 juin.
Plusieurs dizaines d'experts étrangers seront présents en Russie pour participer à l'observation publique du référendum. Parmi eux, des parlementaires étrangers, des représentants de partis politiques, des personnalités publiques, des scientifiques et des journalistes, selon l'agence TASS. Ce 25 juin, le président Poutine a souligné que le travail d’observation devait être organisé au plus haut niveau afin qu'il n'y ait aucun doute sur les résultats. « Le travail doit être organisé, bien sûr, au plus haut niveau afin que les résultats inspirent confiance. C'est une question de principe », a déclaré Vladimir Poutine lors d'une réunion avec des membres de la nouvelle Chambre civique de la Fédération de Russie.
Cette réforme contient près de 200 amendements. Outre le renforcement du rôle du Conseil de la Fédération et de la Douma d'Etat, l'indexation des retraites, l’intégrité territoriale du pays ou la prééminence du droit national sur le droit international, certaines propositions entérinent le chemin patriotique et conservateur emprunté par la Russie depuis plusieurs années. La «foi en Dieu», le mariage comme institution hétérosexuelle, le statut de la langue russe comme langue officielle du pays ou encore la défense de la vérité historique peuvent être inscrits dans la Constitution de la Russie.
Je suis convaincu que cette position est partagée et soutenue par la majorité absolue de nos citoyens
Lors de son discours du 12 juin à l'occasion du Jour de la Russie Vladimir Poutine s'est exprimé sur les amendements proposés: «La préservation de la mémoire des ancêtres, le respect des parents et de la famille, l’amour de notre terre et la fermeté de nos frontières sont les fondements qui déterminent le caractère et le destin de notre peuple, le développement de notre pays, aujourd’hui comme à l’avenir. Des propositions pour introduire ces principes fondamentaux dans la Constitution russe sont donc tout à fait légitimes. Je suis convaincu que cette position est partagée et soutenue par la majorité absolue de nos citoyens,» a-t-il déclaré.
Cette même tendance reflète également le sondage réalisé le 18 juin par VTsIOM (Centre Panrusse d'étude de l'opinion publique). Selon lui, près de 71% des Russes voteront pour les amendements constitutionnels. «Sur la base d'une série de sondages d'opinion, les experts du VTsIOM ont fait une prévision des résultats du vote. Ainsi 67-71% voteront pour les amendements, et 28-32% seront contre» conclut l'étude.
Lors de sa réunion du 25 juin, Vladimir Poutine a rappelé également que la loi actuelle n'imposait pas de référendum pour l’adoption d’amendements. «Mais j'ai estimé qu'il était extrêmement important que les gens expriment leur opinion sur la loi fondamentale et les changements qui doivent y être apportés», a-t-il déclaré.
Opposition à la reforme constitutionnelle
Si la validation de la réforme est quasi acquise, la loi fondamentale du pays va permettre une remise à zéro du compteur de mandats présidentiels en autorisant au président en exercice de rester au Kremlin deux mandats de plus, soit jusqu'en 2036. Au regard de la Constitution actuelle, Vladimir Poutine aurait dû se retirer de la présidence en 2024.
C'est notamment ce changement qui inquiète certains politiques russes. En effet, le parti communiste russe s'est ferment opposé à une telle initiative, la jugeant prématurée et dangereuse. Selon eux les amendements initiés «ne font que renforcer le diktat présidentiel et consolider la domination oligarchique qui conduit le pays au désastre».
Par ailleurs, début juin, plus de 300 députés de plus de 30 régions de Russie ont signé une lettre ouverte contre les futurs amendements constitutionnels. Les signataires estiment que le principal objectif de la réforme constitutionnelle est «d'assurer le pouvoir permanent de Poutine et de son groupe» et insistent sur la nécessité d'un changement de pouvoir.
«A la base d'un État démocratique se trouve la diversité d'opinions, la liberté d'expression et la liberté des médias, le multipartisme, la concurrence politique, des élections justes, garantissant la succession du pouvoir. Sans changement de pouvoir, le développement économique, politique, social et de la vie publique est impossible,» s’inquiètent ces députés.
Le vote était initialement prévu le 22 avril mais a été repoussé à cause du Covid-19. Cette réforme de la Constitution de 1993 a été initiée par Vladimir Poutine en janvier 2020.