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Prague expulse deux diplomates russes en raison d'une affaire de rumeur d'empoisonnement

Accusant un employé de l'ambassade russe à Prague d'avoir répandu une rumeur sur une attaque au poison planifiée contre trois politiciens tchèques, les autorités du pays ont annoncé avoir expulsé deux diplomates russes anonymes.

La République tchèque a fait savoir ce 5 juin avoir expulsé deux diplomates russes anonymes, après des accusations contre un employé de l'ambassade russe qui aurait répandu une rumeur sur une attaque au poison planifiée contre trois politiciens de Prague, a expliqué le Premier ministre tchèque.

«Un employé de l'ambassade a envoyé des informations délibérément inventées sur une attaque planifiée contre des politiciens tchèques au (service de renseignement)», a expliqué Andrej Babis à la presse. «Nous avons adopté des mesures appropriées et adéquates et déclaré deux membres du personnel de l'ambassade non grata», a-t-il ajouté sans dévoiler leurs fonctions et identités.

La Russie a annoncé qu'elle prendrait des mesures de rétorsion symétriques à l'encontre de Prague, selon une communication du Premier vice-président du Comité des affaires étrangères du Conseil de la Fédération (Sénat), Vladimir Dzhabarov, citée par l'agence RIA.

En avril, l'hebdomadaire tchèque Respekt avait cité des sources de renseignement indiquant qu'un ressortissant russe utilisant un passeport diplomatique était récemment arrivé à Prague avec de la ricine, un poison toxique.

Des rumeurs qui relèvent de «fantasmes malades» selon le Kremlin

De son côté Dmitri Peskov, porte-parole de Vladimir Poutine, a en réaction qualifié l'enquête de Respekt de «désinformation». L'employé de l'ambassade russe «a provoqué de nouvelles complications dans les relations tchéco-russes et a nui à la bonne réputation de la Fédération de Russie en République tchèque», a encore souligné le Premier ministre.

Selon les rumeurs, trois politiciens de Prague auraient été visés : le maire de Prague Zdenek Hrib, le maire du district 6 de Prague Ondrej Kolar et le maire du district de Prague-Reporyje, Pavel Novotny. Ils avaient été placés sous protection policière par les autorités tchèques. Zdenek Hrib a soutenu le changement du nom de la place à Prague où est située l'ambassade de Russie, pour lui donner celui de l'opposant russe Boris Nemtsov, décédé en 2015. 

Ondrej Kolar avait ordonné le déboulonnage en avril d'une statue de l'époque communiste dédiée au général Ivan Konev, à la tête des troupes de l'Armée rouge qui libérèrent Prague des nazis en 1945, mais qui est aussi considéré comme un symbole de l'oppression soviétique par de nombreux Tchèques.

Enfin, le quartier de Novotny a installé un mémorial dédié à l'armée du général Andreï Vlassov, composée de soldats soviétiques qui, faits prisonniers, ont combattu aux côtés des Allemands avant de se retourner contre eux dans les derniers jours de la Seconde Guerre mondiale et d'aider à libérer Prague en mai 1945. Ces insinuations ont été qualifiées de «fantasmes malades» par le Kremlin.