Jusque tard dans la nuit du 31 mai au 1er juin, Washington D.C. a été le théâtre d'échauffourées aux abords de la Maison Blanche. La capitale américaine fait pourtant partie des villes où un couvre-feu a été imposé pour contenir tout débordement, dans un contexte de violences répétées en marge des rassemblements spontanés, en réaction à la mort de George Floyd, Afro-Américain de 46 ans décédé lors de son interpellation.
Citant des sources du Département de la Défense, l'agence de presse américaine AP rapporte ce 1er juin que «la Garde nationale de Washington D.C au complet (environ 1 700 soldats) est appelée à aider pour contenir les protestations devant la Maison Blanche et ailleurs dans la capitale du pays».
De fait, comme en témoigne nombre de vidéos relayées sur les réseaux sociaux, la tension est montée d'un cran aux abords du palais présidentiel, où plusieurs incendies ont été constatés pendant la nuit.
«La Maison Blanche est devenue sombre, éteignant presque toutes ses lumières extérieures, alors que les manifestants ont déclenché des feux à proximité et que des milliers de personnes ont de nouveau défié le couvre-feu pour manifester contre les violences policières. De la fumée a été vue s'élever près du Washington Monument», rapporte par exemple le New York Times.
«Plusieurs incendies font rage à l'extérieur de la Maison Blanche», a également commenté le média en ligne The Daily Caller, vidéo à l'appui.
Comme le rapporte l'AFP, la police a utilisé le 31 mai du gaz lacrymogène près du palais présidentiel afin de disperser des manifestants n'ayant pas respecté le couvre-feu, dans la capitale.
Selon le New York Times, Donald Trump aurait été mis à l'abri deux jours plus tôt (le 29 mai) dans un bunker souterrain par le Secret Service, service de protection du président et de personnalités, lors d'une manifestation similaire devant sa résidence.
De nombreuses grandes villes secouées par des violences...
Les violences avaient gagné dès le soir du 30 mai de nombreuses villes, dont New York, Philadelphie, Dallas, Las Vegas, Seattle, Des Moines, Memphis, Los Angeles, Atlanta, Miami, Portland, Chicago et Washington, rapporte encore l'AFP. «Des routes ont été coupées, des voitures et des commerces incendiés et les forces de l'ordre, déployées en grand nombre, ont répliqué par des gaz lacrymogènes et dans certains cas avec des balles en caoutchouc», rapporte l'agence.
En outre, le déploiement des forces de l'ordre n'a pas empêché des scènes de pillage : comme les jours précédents, des foules d'individus ont pris d'assault le 31 mai des enseignes commerciales. Les magasins d'un centre commercial huppé à Santa Monica (Californie) ont par exemple été pris pour cibles, comme le rapporte l'AFP.
En outre, parmi les scènes spectaculaires relayées récemment sur les réseaux sociaux : dans la ville de Salt Lake city (Utah), un homme a visé de son arc des manifestants en scandant «toutes les vies comptent», avant qu'une foule d'individus se ruent sur lui, incendient sa voiture et que la police intervienne, selon David Begnaud, journaliste CBS, qui a relayé une vidéo de l'incident.
... mais aussi des rassemblements pacifiques
Pour autant, des rassemblements dans le calme ont également été observés à travers le pays. La ville d'Oakland (Californie) par exemple, en dépit de plusieurs scènes de vandalisme observées le 31 mai, dont des incendies volontaires ayant visé certaines boutiques de la ville, a vu défilé des manifestants pacifiques. «Des centaines de manifestants s'agenouillent pendant 2 minutes et 53 secondes au milieu de la rue», a tweeté la journaliste Brianna Sacks.
«La manifestation de Fort Worth est calme», a commenté dans la soirée du 31 mai Elijah Schaffer, du pure player conservateur Blaze media, relayant la vidéo d'un rassemblement dans cette ville du Texas.
Tensions communautaires et politiques
Les récents événements semblent avoir ravivé des tensions communautaires et politiques aux Etats-Unis. La maire d'Atlanta, Keisha Lance Bottoms, a par exemple comparé la situation aux affrontements de Charlottesville, où des heurts entre militants suprémacistes blancs et antifascistes avaient fait un mort et des dizaines de blessés, au mois d'août 2017. De nombreuses célébrités sortent en outre de leur réserve, telles que l'ancien basketteur Michael Jordan, qui a déclaré le 1er jui, selon des propos cités par l'AFP : «Je me tiens aux côtés de ceux qui dénoncent le racisme tenace et les violences contre les personnes de couleur dans notre pays [...] Nous en avons assez.»
L'utilisation des slogans «Black Lives Matter» est fréquemment employé lors des manifestations, au côté de «I can't breathe [Je ne peux pas respirer]».
Mais les tensions que révèlent les mobilisations et émeutes sont également d'ordre politique, une partie des commentateurs et responsables politiques pointaint du doigt le rôle joué par les activistes antifascistes dans les actions insurectionnelles. Partant, le président américain a déclaré que la mouvance «antifa» serait dorénavant considérée comme organisation terroriste – une mesure qu'il avait déjà suggérée par le passé. Et Donald Trump d'appeler, dans un récent tweet laconique, à «la loi et l'ordre».
Une semaine après la mort de George Floyd, Derek Chauvin, un des policiers ayant procédé à son interpellation, a été arrêté et inculpé d'homicide involontaire. Il s'agit du fonctionnaire de police que l'on voit, dans une vidéo devenue virale, maintenir pendant de longues minutes son genou sur le cou du quadragénaire, qui se plaint alors de ne pouvoir respirer.