Les Etats-Unis sont plongés dans une atmosphère quasi-insurrectionnelle depuis maintenant cinq jours, après la mort d'un Afro-Américain, George Floyd, au cours de son interpellation le 25 mai à Minneapolis (Minnesota). Rassemblements et manifestations pacifiques s'enchaînent, de même que les scènes d'émeutes, de violences et de pillages, qui ont obligé certaines grandes villes américaines, telles que Los Angeles, Atlanta, Miami et Chicago, à instaurer un couvre-feu. Ce nouvel incident a une fois de plus exacerbé les tensions raciales dans tout le pays.
Toutefois, afin de témoigner leur solidarité envers le défunt et de rejoindre la demande de justice exprimée lors des manifestations pacifiques, plusieurs policiers américains ont été vus le 30 mai au quatre coins du pays en train de s'agenouiller en hommage à George Floyd.
A Miami (Floride), des manifestants et des policiers se sont réunis pour un moment de paix solennel à Coral Gables, lors duquel ils ont notamment prié.
A Flint, dans l'Etat du Michigan, les manifestants ont scandé «Walk with us» («Marchez avec nous», en français) aux forces de l'ordre locales, qui ont finalement accepté. «Nous voulons être avec vous, pour de vrai. J'ai enlevé mon casque, posé les matraques. Je veux en faire un défilé, pas une manifestation», a déclaré le shérif du comté de Genesee, Chris Swanson, aux manifestants de Flint avant de se joindre à la foule, suscitant des acclamations.
Dans la ville de Camden, dans le New Jersey, des protestataires ont battu le pavé pacifiquement. Plusieurs policiers ont décidé de rejoindre le mouvement et de marcher avec eux. Des officiers de la municipalité ont même aidé à porter une banderole portant la mention «Debout dans la solidarité» et ont semblé se joindre à la foule en scandant «pas de justice, pas de paix».
En réponse aux nombreuses mobilisations que connaissent les Etats-Unis, la police de Santa Cruz (Californie) a tenu à soutenir «pleinement les manifestations pacifiques», assurant garantir la sécurité des manifestants. Le chef de la police locale, Andy Mills, a également mis un genou à terre avec des manifestants.
A Kansas City (Missouri), plusieurs policiers, noirs comme blancs, ont été photographiés tenant une pancarte sur laquelle était inscrit «End Police brutality».
A Fargo dans le Dakota du Nord, un cliché montre un policier blanc participant à un rassemblement contre les injustices raciales, tenant un panneau indiquant «We are one race... The HUMAN race» («Nous sommes une espèce... L'espèce HUMAINE, en français»).
Alors qu'une manifestation avait lieu devant l'un des commissariats de Ferguson dans le Missouri, plusieurs policiers se sont aussi agenouillés avec les protestataires, témoignant leur solidarité dans leur combat.
George Floyd, Afro-Américain de 46 ans, est décédé le 25 mai lors de son arrestation par la police, qui le soupçonnait d'avoir voulu écouler un faux billet de 20 dollars. Lors de l'intervention, il a été plaqué au sol par un agent qui a maintenu son genou sur son cou pendant de longues minutes. «Je ne peux plus respirer», proteste George Floyd avant de perdre connaissance dans un enregistrement vidéo de la scène qui a fait le tour du monde.
Les quatre agents impliqués ont été licenciés et les autorités locales et fédérales enquêtent sur le drame. Mais seul Derek Chauvin, le policier qui maintenait son genou sur George Floyd, a pour l'heure été inculpé.