Une centaine de membres de l'hôpital Saint-Pierre à Bruxelles – infirmiers, médecins, administratifs, pompiers – ont formé une haie de déshonneur ce 16 mai à l'arrivée de Sophie Wilmès, Premier ministre belge et ancienne ministre du Budget en charge de la réforme hospitalière. Ils ont marqué leur désaccord en tournant le dos au passage des voitures protocolaires.
Comme en France, les soignants sont excédés par le manque de moyens et réclament une revalorisation de leurs salaires depuis plusieurs mois. Des arrêtés royaux prévoyant la délégation des soins à du personnel non qualifié et la réquisition des soignants en cas de besoin, ont encore ajouté à leur colère. Le personnel soignant estime avoir fait suffisamment d'efforts durant la crise pour être épargné par cette dernière mesure.
Le Premier ministre visitait ce jour plusieurs hôpitaux pour faire part de son «soutien» aux soignants. Au micro de la RTBF, elle a promis de faire un geste pour la profession : «Je ne conçois pas que l'après-crise soit ramené à ce qu'il y avait avant. Il faudra structuraliser la revalorisation du métier.»
Quand Wilmès, en charge du Budget, dénonçait la «surcapacité» des hôpitaux
Ancienne ministre du Budget au moment de la réforme des hôpitaux, Sophie Wilmès est particulièrement dans le viseur des soignants en colère.
Un extrait vidéo datant d'il y a plusieurs années a récemment refait surface sur les réseaux sociaux, alimentant encore le ressentiment de ses détracteurs. On y voyait la ministre libérale évoquer une volonté de «plus d'efficience» dans le système hospitalier belge, déplorer une «surcapacité dans l'offre». Sophie Wilmès expliquait qu'il s'agissait de l'un des chantiers du gouvernement.
Des mots qui, à la lueur de la crise actuelle, résonnent amèrement. Comme dans plusieurs pays d'Europe lourdement impactés par le coronavirus, le système hospitalier belge et les soignants ont été mis à rude épreuve. Le Covid-19 a emporté 9 052 personnes dans le royaume, plaçant la Belgique parmi les premiers pays touchés par l'épidémie en terme de nombre de décès par habitants.