Emmanuel Macron avait promis en mars, au cœur de la crise épidémique, une revalorisation salariale et un plan massif d’investissements dans l’hôpital public. Néanmoins, la direction du CHU de Saint-Etienne a annoncé le 14 mai, selon le personnel soignant, un plan de restructuration. Une décision qui n'a évidemment pas du tout plu aux soignants qui ont manifesté les 14 et 15 mai. Selon le quotidien régional Le Progrès, la mobilisation du 13 mai a réuni près de 300 personnes. Le lendemain, le personnel s'est de nouveau retrouvé dans deux halls de l'hôpital pour protester avec des applaudissements.
Dans un communiqué relayé par le journal local, le syndicat Force ouvrière du CHU de Saint-Etienne dénonce : «La gestion de crise Covid devient un tremplin pour imposer des restructurations […] Sournoisement, sous couvert de plan blanc et de crise Covid-19, la direction procède à des fermetures de lits et des mouvements de personnel. Pour justifier ses manœuvres, elle met en avant des ajustements discutés avant la crise du Covid concernant plusieurs activités phares et stratégiques.»
Le Progrès a également obtenu une copie du communiqué de la gouvernance médicale du CHU, qui conteste le terme de «restructuration» : «Ce projet n'entraîne aucune suppression de capacités d'hospitalisations, ni d'effectifs», tempère-t-elle. La direction a aussi tenté de clarifier la situation sur les déménagements de services : «Il importe que ces ajustements soient mis en œuvre dans les plus courts délais pour des raisons évidentes de sécurité sanitaire et de lutte contre l'épidémie.»
Une situation «confuse»
Sur Facebook, le maire LR de Saint-Etienne (soutenu par l'UDI et le Modem aux dernières élections municipales) et président du Conseil de surveillance du CHU, Gaël Perdriau, dit prendre «acte, à regret, de la situation extrêmement confuse qui règne au CHU de Saint-Etienne (CHUSE)».
«Une situation d’autant plus difficile à comprendre que nous connaissons une crise sanitaire qui n'est pas définitivement surmontée», ajoute-t-il tout en confortant la position de la direction du CHU : «Une gouvernance médicale qui indique, par ailleurs, très clairement qu’il ne s’agit pas d’une “restructuration” pouvant entraîner, d’une part, la diminution du nombre de lits et, d’autre part, celle des effectifs. Situation qui serait, en effet, parfaitement incompréhensible et inadmissible si elle correspondait à une quelconque réalité.»
L'édile de Saint-Etienne précise que «la confusion est sans doute largement imputable aux récentes déclarations gouvernementales qui peuvent inquiéter, légitimement, les personnels du CHUSE, ainsi que ceux de leurs collègues de l’ensemble de la France, s’expliquant par le lourd passif historique existant entre eux et l’exécutif depuis 2017 avec l’annonce de nombreux plans de sauvetage jamais réellement concrétisés dans les faits».
Toutefois, le discours de la direction n'est pas admis par un collectif de soignants en psychiatrie à Saint-Étienne, baptisé La Psy cause. Pour celui-ci, si «la direction fait mine de reculer en annonçant qu'aucun lit, ni poste de travail ne sera supprimé […] ils veulent éteindre le feu […] ces restructurations se feront, service après service, une fois que la contestation aura cessé».
Une infirmière de pédopsychiatrie a précisé pour France Bleu que la restructuration aurait été décidée «sans concertation», elle-même ayant également appris la fermeture des quatre lits d'urgence dans son service : «On appelle les syndicats, ils n'ont pas plus d'infos. À la direction, on finit par nous dire que les procédures habituelles n'étaient pas possibles du fait de la lutte contre le Covid-19. Des réorganisations, voire des restructurations ont été décidées sans concertation, sans le consentement des médecins du fait du plan blanc.» Un propos confirmé par Olivier Tiffet, chef du service de chirurgie thoracique interrogé par Le Progrès : «Sans concertation et en plein confinement, c'est honteux.»
France Bleu a relayé les rumeurs liées à la restructuration et à l'origine des craintes du personnel, en plus des déménagements de services : «Des temps de cadres en moins, des retours forcés en temps partiel, la fermeture des urgences psychiatriques pour les enfants», est-il expliqué.
D'après la radio, en fin de journée du 15 mai, le directeur de l’hôpital, Mickaël Galy, a assuré au personnel qu’il n’y aurait pas «de suppression de lits, ni de postes, mais simplement un projet de relance des activités normales du CHU».