Depuis des mois, la politique de gestion de contenus du réseau social Facebook – que d'aucuns, à l'instar du président américain Donald Trump, qualifient de censure à l'égard des conservateurs – fait débat. Pour remédier au problème, l'entreprise de Palo Alto a mis en place un comité, qui pourra être saisi par les utilisateurs dont les contenus ont été censurés. Cette «Cour Suprême» aura alors la charge d'étudier les requêtes et disposera du pouvoir d'invalider les décisions initiales de Facebook, si elle les juge infondées.
«Nous sommes tous attachés à la liberté d'expression dans le cadre des normes internationales des droits de l'Homme», ont expliqué les quatre directeurs de ce comité, dans une opinion publiée le 6 mai par le New York Times. «Nous prendrons des décisions basées sur ces principes et sur les effets [qu'elle auront] sur les utilisateurs de Facebook et sur la société, sans égard aux intérêts économiques, politiques ou de réputation de l'entreprise», assurent-ils.
Un biais anti-Trump ?
Pour s'atteler à cette tâche dont le maître-mot doit, par nature, être l'indépendance idéologique, Facebook a nommé des personnalités dont la diversité d'opinion ne saute pourtant pas aux yeux. Sur les 20 personnes qui composent ce comité, les profils penchent en effet de façon très disproportionnée à gauche. S'il y a bien un ancien juge républicain en la personne de Michael McConnell, ce dernier semble bien esseulé.
A ses côtés on retrouve ainsi nombre de personnalités très marquées à gauche, comme Pamela Karlan, professeure de droit à l'université de Stanford. Ancienne collaboratrice de Barack Obama, cette leader «des causes progressistes», «championne des droits homosexuels», comme le soulignait le New York Times en 2009, a notamment plaidé devant le comité judiciaire de la Chambre des représentants chargée de l’enquête sur la destitution de Donald Trump.
On peut également souligner la présence d'Evelyn Aswad, ancienne collaboratrice d'Hillary Clinton, de John Sample, vice-président du think tank Cato Institute, qui estimait il y a quelque mois «justifié» de destituer Donald Trump. Ou encore de Nighat Dad, une militante féministe pakistanaise qui souhaite que le monde «construi[se] un mur autour de [Benjamin Netayahou] et [Donald] Trump», de Jamal Green, professeur de droit à l'université de Columbia, qui juge que le chef d'Etat américain est «une personne odieuse» qui ne devrait pas être président. Mais aussi d'Alan Rusbriger, ancien rédacteur en chef du très à gauche The Guardian, qui militait il y a quelques semaines seulement pour... que les médias arrêtent de diffuser en direct les briefings de Donald Trump sur le coronavirus.
L'Open Society en bonne place
Si ces profils ont de quoi laisser perplexe les partisans du président américain – qui sont les premiers à se plaindre de la censure de Facebook –, la présence de certaines personnalités interpellent pour d'autres raisons. C'est le cas par exemple de l'écrivaine yéménite Tawakkol Karman, lauréate du prix Nobel de la paix 2011, qui n'avait pas fait mystère de son soutien aux Frères musulmans en 2013.
D'autres enfin se démarquent pour leurs liens avec l'Open Society, la fondation du milliardaire hongrois George Soros, qui soutient des mouvements pro-immigration et progressistes. Afia Asantewaa Asare-Kyei, une avocate qui dispose de la double nationalité ghanéenne et sud-africaine, est à ce titre une cadre de l'Open Society Initiative for West Africa. Et elle n'est pas la seule à évoluer dans le giron de George Soros : l'universitaire hongrois Andras Sajo est le fondateur d'un département à l'université d'Europe centrale créée par le milliardaire, et a par ailleurs siégé au conseil d'administration de l'Open Society Justice Initiative de New York, de 2001 à 2007.
Dès lors, il n'est pas interdit de s'interroger sur l'impartialité des jugements qui seront rendus par cette «Cour Suprême», lorsqu'elle sera amenée à se prononcer sur des cas de censure liés à certains sujets politiques.
Frédéric Aigouy