Parmi la myriade de sujets épineux abordés par les sénateurs américains lors de l'audition du patron de Facebook, Mark Zuckerberg, devant le Congrès les 10 et 11 avril – dont l'inévitable scandale autour de la collecte et l'utilisation des données personnelles – l'un a eu un retentissement particulièrement important Outre-Atlantique.
De nombreux élus se sont inquiétés du biais que présente la plateforme contre les sources d'informations, mais aussi contre les utilisateurs qui se situent politiquement à droite et qui défendent des idées conservatrices. «Pour un grand nombre d'Américains, cela semble être un insidieux modèle de parti pris politique», a ainsi lancé le sénateur républicain Ted Cruz. Pour étayer son propos, il a cité en exemple le blocage de dizaines de pages catholiques, mais surtout le fait que deux commentatrices politiques pro-Trump très suivies, Diamond & Silk, se soient vues notifier par Facebook que leurs vidéos étaient «dangereuses pour la communauté». Une décision qui a provoqué un véritable tollé dans un pays où la liberté d'expression n'est autre que le premier amendement de la Constitution.
Assurant que son entreprise allait se pencher sur le cas de Diamond & Silk, Marck Zuckerberg a balayé ces accusations, soutenant que la plateforme faisait son possible pour rester neutre. Tout juste a-t-il admis comprendre que la localisation du siège social de l'entreprise, dans la très libérale Silicon Valley, pouvait inquiéter les conservateurs.
Un nouvel algorithme en question
Des explications qui n'ont pas convaincu les sénateurs, qui sont revenus à la charge. Citant une étude du Western Journal, le Républicain Steve Scalise lui a demandé des comptes sur le nouvel algorithme introduit par Facebook en février dernier. Selon cette étude, depuis l'introduction de cet algorithme, les informations en provenance des journaux conservateurs qui apparaissent dans le fil d'actualité des utilisateurs ont été réduites de façon considérable, alors que le nombre de celles provenant de publications libérales est resté inchangé.
Se contentant d'une réponse laconique, le patron de Facebook a expliqué qu'il n'y avait jamais eu de directive d'instiller un biais, quoi que fasse l'entreprise. Mais il n'a pas non plus nié qu'il en existait un...
Les questions se sont alors élargies sur ce que Facebook considérait comme un «discours de haine» ou encore quelque chose d'offensant, susceptibles d'être censusés par l'entreprise. Une pente glissante pour le sénateur républicain Ben Sasse, qui a noté le danger de laisser dans les mains d'une «immense et très puissante» entreprise la possibilité de modeler à sa guise cette définition. Particulièrement aujourd'hui, a-t-il fait valoir, alors qu'il existe une vraie tendance à se montrer offensé pour d'innombrables raisons ou que des sujets peuvent être très clivants, comme l'avortement.
«C'est une question très complexe et c'est pour cela qu'elle nous pose problème», a réagi le patron du réseau social, éprouvant des difficultés manifestes à caractériser un discours de haine. Selon lui, la société va de toute façon être confrontée à cette question majeure dans un avenir proche, lorsque la modération des contenus sera confiée à l'intelligence artificielle, à laquelle l'humain devra donner des directives.