Largement absent depuis un an de ses activités, le Venezuela est redevenu un sujet d'actualité pour le Conseil de sécurité de l'ONU avec deux visioconférences en une semaine demandées par la Russie et les Européens, sur fond de pandémie menaçante pour ce pays en crise.
Le 22 avril, une première réunion à huis clos sur laquelle peu a filtré a donné lieu, selon des diplomates, à une rencontre tendue réclamée par Moscou sur l'envoi récent de moyens militaires américains vers l'Amérique latine. Le 1er avril, Washington avait en effet annoncé que le président Donald Trump avait ordonné le transfert de destroyers, de navires de combat et d'avions de surveillance supplémentaires vers le commandement sud de l'armée étasunienne, qui couvre l'Amérique du Sud.
Dans une lettre du 3 avril au Conseil de sécurité, le Venezuela avait dénoncé ces déploiements militaires comme «des actions dangereuses des Etats-Unis menaçant la paix et la sécurité au Venezuela comme dans l'ensemble de la région». Officiellement, les Etats-Unis ont justifié ce mouvement militaire par l'organisation d'une vaste opération antidrogue en Amérique latine. Mais quelques jours avant, le 26 mars, Washington avait annoncé l'inculpation par la justice étasunienne du président vénézuélien Nicolas Maduro pour «narco-terrorisme», difficile dans ces conditions de ne pas faire le rapprochement avec le déploiement militaire dans la mer des Caraïbes. Le gouvernement vénézuélien avait accusé Donald Trump d'essayer de «détourner» l'attention de la pandémie actuelle. «Donald Trump a tenté aujourd'hui de détourner l'attention […] en créant une escalade des déclarations et une escalade avec le Venezuela», avait déclaré le président vénézuélien, Nicolas Maduro. «Nous allons rester ici en paix […] assister à la pandémie, la contrôler», avait-il notifié. Les autorités cubaines avaient également dénoncé le renforcement militaire des Etats-Unis dans la mer des Caraïbes.
Une deuxième réunion sur le Venezuela
La Russie ayant refusé d'étendre la réunion du 22 avril à des aspects politiques et humanitaires, les membres européens du Conseil de sécurité (Allemagne, Belgique, France et Estonie) ont décidé de demander une nouvelle réunion concernant le Venezuela qui se tiendra le 28 avril et sera également à huis clos, selon des diplomates. «Il est important de favoriser l'accès humanitaire dans une crise qui figure parmi les plus graves», explique un diplomate occidental à l'AFP.
La dernière réunion publique du Conseil de sécurité remonte à avril 2019 lorsque le vice-président américain Mike Pence était venu à New York afin de réclamer une reconnaissance de l'opposant Juan Guaido comme dirigeant du Venezuela en lieu et place de Nicolas Maduro.