Selon les informations du journal Libération, au moins trois djihadistes françaises se sont évadées du camp de Al-Hol en Syrie depuis le 15 mars, en compagnie de certains de leurs enfants.
Une autre se serait évadée du camp de Roj avant d'être rattrapée par les forces kurdes, toujours selon cette même source.
Une des évadées du camp de Al-Hol aurait profité d'un séjour dans un hôpital pour s'enfuir. Selon l'estimation du quotidien, qui les qualifie de «Françaises liées à l'Etat islamique [Daesh]», les djihadistes en fuite pourraient tenter de rallier le territoire national turc pour revenir en France en bénéficiant du «protocole Cazeneuve» qui leur permettrait d'être prises en charge par les autorités d'Ankara avant d'être renvoyées en France pour être arrêtées et mises en examen.
Réagissant à ces nouvelles évasions, le président du Centre d'analyse du terrorisme (CAT), Jean-Charles Brisard, qui préconise depuis de longs mois le rapatriement des djihadistes de Daesh détenus dans la zone irako-syrienne pour mieux les contrôler et les juger en France, qualifie cette situation de «catastrophe sécuritaire annoncée».
Concernant la djihadiste française évadée du camp de Roj et qui a été reprise par les forces kurdes, il pourrait s'agir, selon les informations du quotidien belge néerlandophone Het Laatste Nieuws, de Saïda el-Ghaza, djihadiste issue de la tristement célèbre filière islamiste de Lunel dans l'Hérault.
La trentenaire franco-marocaine partie en Syrie pour rejoindre les rangs de Daesh avait accédé à la notoriété en juin 2019 lorsqu'elle avait accepté de se séparer de ses enfants afin qu'ils puissent être rapatriés en France avec dix autres enfants, orphelins depuis les camps de prisonniers. La djihadiste avait été arrêtée en juillet 2017.
Selon les informations de l'auteur de l'article du quotidien belge, Guy van Vlierden, cette détenue qui a manqué son évasion (ainsi qu'une djihadiste belge qui est parvenue à fuir) est un «cas atypique» car elle aurait renié son engagement avec Daesh et ne portait pas de voile au sein du camp dans lequel elle se trouvait. Une attitude jugée «assez dangereuse» selon le journaliste expert du djihad. Ce dernier précise encore que les évasions précédentes de femmes détenues dans les camps concernaient des djihadistes encore actives au sein de Daesh qui permettent l'accès aux capitaux et aux réseaux nécessaires au combat pour l'Etat islamique auto-proclamé.
Selon Libération, les évadées d'Al-Hol, elles, «courent toujours». Le quotidien ajoute qu'elles «peuvent [...] tenter, si elles ont les contacts et sont toujours radicalisées, de rejoindre des groupes de l’Etat islamique présents dans la région» qui restent actifs et regagneraient même en puissance dans la zone de Deir Ezzor, notamment à la faveur de la pandémie mondiale de Covid-19, selon le journal.
En tout état de cause, la situation devient de plus en plus tendue dans les prisons et au sein des camps de rétention tenus par les Kurdes dans la zone irako-syrienne, avec des mutineries à répétition, ainsi que l'a notamment relevé Jean-Charles Brisard du CAT, le 30 mars, concernant la prison de Ghourian à Hassaké, en Syrie : «Nouvelle mutinerie impliquant des détenus djihadistes de l'Etat islamique à la prison de Ghouiran à Hassaké en Syrie, où un soulèvement avait déjà eu lieu il y a 15 jours. Une partie de la prison est sous le contrôle des détenus et plusieurs seraient parvenus à s'évader (sources locales)».