«Cher monde, comment se passe le confinement?! Signé: Gaza». Les mesures d'isolement imposées dans nombre de pays pour freiner la propagation du nouveau coronavirus suscitent l'ironie d'internautes de l'enclave palestinienne. Sous blocus israélien depuis plus d'une décennie, le territoire surpeuplé est quasiment coupé du monde, coincé entre Israël, l'Egypte et la mer Méditerranée.
Deux Gazaouis ont pour l'heure été contaminés par le nouveau coronavirus. Ils revenaient d'un voyage au Pakistan. Les autorités à Gaza ont indiqué que les deux malades avaient été placés directement dans un centre de quarantaine, le 25 mars. Ils n'ont eu aucun contact avec la population et sont dans un état stable, selon cette source. Des experts estiment qu'une propagation du nouveau coronavirus serait particulièrement désastreuse dans la bande de Gaza en raison de la très forte densité de population (2 millions d'habitants), du taux de pauvreté élevé et des infrastructures sanitaires défaillantes.
En prévention de l'épidémie, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) à Gaza a instauré des mesures de distanciation sociale. Un de ses responsables, Matthias Schmale, a déclaré qu'en cas de propagation du virus, il serait «illusoire de penser qu'on peut gérer une telle situation dans un espace clos comme celui-ci». Les Gazaouis se sont toutefois préparés, tant bien que mal, au nouveau coronavirus, après que 529 cas ont été enregistrés en Israël, de l'autre côté de la frontière, et 47 en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël mais séparé de Gaza.
[A Gaza], si l'épidémie en vient à nécessiter plus de 60 lits en soins intensifs, la situation deviendra très difficile et pourrait bien se transformer en un gigantesque désastre
Les écoles de Gaza sont fermées et plus de 2 700 personnes sont déjà confinées chez elles, la plupart après leur retour d'Egypte touchée par le virus. L'enclave ne dispose pour le moment que de 60 lits en soins intensifs et est confrontée à une pénurie de personnel, s'alarme Gerald Rockenschaub, qui dirige le bureau de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans les Territoires palestiniens. Dans le sud de la bande de Gaza, près de la frontière avec l'Egypte, le Hamas construit actuellement 1 000 chambres d'isolement. Matthias Schmale prévient : «Si l'épidémie en vient à nécessiter plus de 60 lits en soins intensifs, la situation deviendra très difficile et pourrait bien se transformer en un gigantesque désastre.»
Israël affirme faire tout son possible pour s'assurer que du matériel médical parvienne à Gaza et avoir facilité l'acheminement de 500 kits de dépistage. A l'heure actuelle, l'Etat hébreu autorise la sortie des Gazaouis souffrant d'un cancer ou d'une autre maladie grave pour un traitement en Israël ou en Cisjordanie. Mais on ignore encore si cette autorisation sera maintenue en cas de propagation du virus à Gaza.
En Cisjordanie, l'autre enclave palestinienne occupée par Israël, une femme âgée d'une soixantaine d'année est morte du coronavirus, le 25 mars. L'autorité palestinienne a interdit depuis le 22 mars les déplacements non essentiels, les responsables de la santé dénombrent une soixantaine de cas.
A Jérusalem, L'église du Saint-Sépulcre a été fermée le même jour, dans le cadre de mesures sans précédent visant à juguler la pandémie de coronavirus. Par ailleurs, l'esplanade des Mosquées à Jérusalem est fermée depuis le 23 mars au public afin d'éviter la propagation du nouveau coronavirus, une mesure exceptionnelle annoncée la veille par le Waqf, l'organisme qui gère les lieux saints musulmans dans la Ville Sainte. C'est la première fois depuis 1967 que ce troisième lieu de l'islam est fermé aux fidèles sur décision du Waqf, a affirmé à l'AFP le directeur de la mosquée Al-Aqsa, cheikh Omar Al-Kisswan.
Cinq décès et 2 369 cas de coronavirus confirmés en Israël
Selon des responsables israéliens, 2 369 cas de coronavirus ont été confirmés en Israël, dont cinq décès. Une nouvelle série de mesures, entrées en vigueur le 25 mars, interdisent aux citoyens de sortir de chez eux, hormis pour des raisons essentielles comme acheter des vivres, des médicaments, recevoir des soins de santé, ou dans certains cas travailler.
«Dans deux semaines, nous pourrions nous retrouver avec des milliers de patients, dont beaucoup risquent de mourir. Je vous le dis donc d'emblée : si nous n'observons pas une amélioration immédiate de la tendance, il n'y aura pas d'autre choix que le confinement total, hormis pour les besoins essentiels comme la nourriture et les médicaments», a prévenu le Premier ministre Benjamin Netanyahu. «Ce soir, de nouvelles mesures d'urgence ont été mises en place limitant nos déplacements, et notre liberté, comme jamais auparavant, mais pour notre bien-être à tous», a souligné de son côté le président Reuven Rivlin dans une adresse à la nation.
Les lieux de culte, y compris les synagogues, ont aussi été fermés. Mais des cérémonies restent possibles à l'extérieur sans toutefois réunir plus de dix personnes. La partie intérieure du mur des Lamentations a été fermée tandis que son esplanade extérieure, elle, reste ouverte mais à un nombre limité de fidèles. «Violer ces mesures constituera un acte criminel», a averti le bureau du Premier ministre Netanyahu affirmant que la police avait reçu l'ordre de faire respecter ces nouvelles mesures, en vigueur pour une semaine. En soirée, la police a annoncé des patrouilles dans des quartiers juifs ultra-orthodoxes de Jérusalem pour s'assurer que les nouvelles consignes soient bien respectées chez des religieux qui les ignoraient jusqu'à présent.