La décision est tombée. La juge Vanessa Baraitser a refusé, ce 25 mars, la demande de libération conditionnelle du fondateur de WikiLeaks qui avait déposé une requête devant le tribunal de Westminster. La situation sanitaire de la prison de Belmarsh l'expose, selon ses avocats, à un «risque élevé» d'attraper le coronavirus.
En l'état actuel des choses, cette pandémie mondiale ne fournit pas en-soi de motifs pour la libération de monsieur Assange
L'audience de ce 25 mars s'est déroulée dans des conditions très particulières à cause de l'épidémie qui n'épargne pas la Grande-Bretagne. La séance s'est ainsi tenue en comité restreint, l'un des avocats d'Assange portait un masque tandis que son assistant intervenait via un système de visioconférence et que les représentants du gouvernement américain communiquaient par téléphone. L'avocat de la défense Edward Fitzgerald a exposé le caractère exceptionnel de la situation sanitaire et a rappelé que dans ce contexte, Julian Assange qui avait déjà souffert d'infections thoraciques, dentaires et d'ostéoporose, encourait un risque élevé de contracter le virus. Depuis près de dix mois, après son arrestation en avril 2019 , Julian Assange est incarcéré dans la prison de haute sécurité de Belmarsh. Et son état de santé physique et psychologique se dégrade, selon ses proches, ses avocats, des médecins internationaux et Niels Melzer, le rapporteur spécial de l'ONU pour la torture. Pas assez pour convaincre la juge qui a estimé qu'«en l'état actuel des choses, cette pandémie mondiale ne fournit pas en-soi de motifs pour la libération de monsieur Assange».
«Nous condamnons dans les termes les plus forts possibles la décision de ne pas libérer sous caution Julian Assange», s'est indigné le rédacteur en chef de WikiLeaks Kristinn Hrafnsson, dans une vidéo postée sur Twitter qualifiant ce refus d'«injuste» et d'«inhumain».
Les prisons sont «des pompes épidémiologiques»
Une indignation d'autant plus forte que l'avocat de Julian Assange a fait état des soupçons d'infection parmi le personnel pénitentiaire. Il a qualifié les prisons de «pompes épidémiologiques» et a rappelé que l'accès à la prison de Belmarsh lui avait été refusé parce que 100 membres du personnel s'étaient placés en auto-confinement. Des propos relayés par le rédacteur en chef de WikiLeaks, Kristinn Hrafnsson.
S'il [est] libéré aujourd'hui, il ne reviendr[a] pas
La juge Vanessa Baraitser a rejeté tous les arguments de la défense. «À mon avis, il existe des motifs sérieux de croire que s'il était libéré aujourd'hui, il ne reviendrait pas pour faire face à son audience d'extradition», a-t-elle déclaré. La juge a donc choisi de ne pas suivre, pour le cas d'Assange tout au moins, les recommandations faites par la Haut-Commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU Michelle Bachelet qui a appelé ce même 25 mars à la libération urgente de détenus à travers le monde pour éviter que la pandémie de Covid-19 ne fasse des «ravages» dans les prisons souvent surpeuplées.
La Haut-Commissaire a exhorté «les gouvernements et les autorités compétentes à travailler rapidement pour réduire le nombre de personnes en détention», en libérant par exemple «les détenus les plus âgés et ceux qui sont malades, ainsi que les délinquants présentant un risque faible».
Julian Assange devra donc attendre le 18 mai, date prévue de la prochaine audience d'extradition d'Assange qui pourrait se voir repoussée compte-tenu des mesures de confinement. Malgré les appels à la libération de l'Australien, les Etats-Unis réclament toujours son extradition pour répondre de 17 chefs d'inculpation dont la publication de milliers de fichiers diplomatiques et militaires américains classifiés qui a révélé des crimes de guerre américains en Irak et en Afghanistan. A 48 ans, Julian Assange pourrait être condamné à 175 ans d'emprisonnement de l'autre côté de l'Atlantique. S'il survit à Belmarsh.