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Coronavirus : la Belgique a détruit 6 millions de masques FFP2, sans les remplacer

En pleine pandémie de Covid-19, la ministre belge de la Santé se trouve accusée par le média belge Le Vif d'avoir fait détruire des millions de masques FFP2 (catégorie efficace contre le virus) arrivés à date de péremption, sans renouvellement.

La réserve stratégique de plusieurs millions de masques FFP2 dont disposait le gouvernement belge a été détruite dans sa totalité en 2019, puisqu'ils étaient arrivés à leur date de péremption, a rapporté, le 23 mars, le site du newsmagazine belge Le Vif. De plus, par souci d'économie et de rationalisation des budgets selon ce média, la ministre fédérale belge de la Santé, Maggie De Block, aurait décidé de ne pas renouveler le stock de masques FFP2, pourtant «les seuls suffisamment étanches pour ne pas laisser passer le coronavirus», selon Le Vif.

En Belgique comme en France ou en Italie, le personnel hospitalier affronte la pandémie de Covid-19 en première ligne, sans toutefois être suffisamment équipé ou nombreux. C'est pourquoi les 6 millions de masques FFP2, dont aurait bien besoin le corps médical belge, qui ont été acquis en 2009 à l'occasion de l'épidémie de grippe H1N1, puis détruits et non remplacés en 2019, font polémique.

Le site internet Le Vif s'est procuré une copie du procès-verbal de la réunion du 6 février dernier du Risk Management Group - «la structure coordonnant spécialistes de l'administration et des hôpitaux et qui fournit des recommandations au Conseil national de sécurité, présidé par la Première ministre Sophie Wilmès» - pour appuyer ses informations.

Désormais sans réserve stratégique et en pénurie de masques FFP2, les autorités belges cherchent à en commander dans l'urgence et tous azimuts, notamment à la Chine, sur un marché toutefois très tendu. 

«Acheter des masques sans plan revient à gaspiller l'argent du contribuable»

De son côté, le cabinet de Maggie De Block a répondu, le 23 mars au soir, à la polémique grandissante en donnant sa propre version des faits. «L'ancien stock stratégique était stocké à la Défense mais pas dans de bonnes conditions. Les masques étaient ainsi devenus inutilisables», indique le cabinet. La réserve aurait donc été détruite «en 2017», contrairement à ce qui avait été affirmé dans la copie du procès-verbal du Risk Management Group. «Ce qui aurait donné à Maggie De Block trois ans, plutôt qu'un, pour reconstituer cette réserve stratégique...», souligne Le Vif.

Ne souhaitant pas «répéter les erreurs du passé», Maggie De Block a voulu changer le mode de fonctionnement d'achat et de conservation des masques destinés au personnel médical. «Nous voulions une proposition de stock tournant, où une partie du stock est régulièrement mise sur le marché [pour éviter que le stock ne périme]», précise ainsi son cabinet.

«Nous avons demandé un plan au SPF Santé publique pour un nouveau stock stratégique. Pas seulement un plan pour acheter des masques en vitesse qui devraient être détruits quelques années plus tard, mais une solution approfondie pour éviter de répéter les erreurs du passé» indique le communiqué du cabinet de Maggie De Block. Et de poursuivre : «Cela nécessite des adaptations législatives, des accords avec d'autres départements, des adaptations de contrats avec les fournisseurs, un plan de coordination pour le secteur, etc.» «Acheter des masques sans plan revient à gaspiller l'argent du contribuable», justifie enfin le cabinet de la ministre de la Santé.

La Belgique, pays de 11,4 millions d'habitants, a enregistré, le 23 mars, 3 743 cas de nouveau Covid-19 et 88 décès, selon les chiffres officiels relayés par l'AFP. Mais les autorités sanitaires reconnaissent elles-mêmes que le nombre de cas est sous-estimé car les tests de dépistage ne sont pratiqués que sur les personnes hospitalisées avec des symptômes aigus et sur les soignants ayant de la fièvre.