Le ministre iranien des Affaires étrangères , Javad Zarif, a critiqué, le 20 mars sur Twitter, la décision américaine d’accentuer sa politique de «pression maximale» sur Téhéran en imposant de nouvelles sanctions à plusieurs entreprises iraniennes en pleine pandémie de coronavirus. «La Maison Blanche amène sa "pression maximale" à un nouveau niveau d'inhumanité avec un mépris total pour la vie humaine», a fait valoir le représentant de la République islamique, ajoutant un message de fermeté clair adressé à son ennemi historique : «Votre politique vivra dans l’infamie. Mais l’Iran ne cédera pas».
Javad Zarif réagissait à la décision américaine, rendue publique cette semaine, de mettre sur liste noire cinq sociétés basées aux Emirats arabes unis opérant dans l'export de produits pétrochimiques iraniens. Washington tenterait-il d’étouffer les revenus pétroliers de l’Iran alors que le cours de l’or noir a plongé ces dernières semaines et que le pays se retrouve durement touché par le Covid-19 ?
Selon le dernier bilan des autorités iraniennes, daté du 21 mars, 1 556 personnes ont perdu la vie en Iran des suites de la maladie, ce qui en fait un des pays les plus touchés avec l’Italie et la Chine. «La pression accrue de Washington contre l'Iran est un crime contre l'humanité... le monde entier devrait s'entraider pour vaincre cette maladie», s’est de son côté désolé un officiel iranien cité par Reuters le 20 mars.
Dans le même temps, le représentant spécial pour l’Iran du président américain Donald Trump, Brian Hook, a lui fait savoir que la «politique de pression maximale sur le régime se poursuit». Toutefois, le secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, a précisé le 20 mars lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche que «le monde entier devrait savoir que l'aide humanitaire à l'Iran est grande ouverte, elle n'est pas sanctionnée». «Nous faisons tout notre possible pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire et faire en sorte que les transactions financières qui y sont liées puissent également avoir lieu. Ils ont un terrible problème là-bas et nous voulons que l'aide humanitaire et médicale soit apportée au peuple iranien», a ajouté le chef de la diplomatie américaine.
La Chine avait, quant à elle, appelé les Américains à suspendre les sanctions visant l’Iran, au moins jusqu’à la fin de la crise sanitaire. «Nous exhortons les Etats-Unis à lever immédiatement les sanctions unilatérales contre l'Iran. La sanction perpétuelle va à l'encontre de l'esprit humanitaire et entrave la réponse de l’Iran à l’épidémie et l'acheminement de l'aide humanitaire par l'ONU et d'autres organisations», avait déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères le 16 mars sur Twitter.
Et pour cause, dans une interview donnée ce 21 mars à l'agence iranienne Fars News, le vice-ministre iranien de la Santé, Alireza Raisi, a souligné que l'Iran avait «acheté plusieurs millions de masques aux Britanniques» mais «qu'à cause des sanctions, ce pays n'avait pas livré les masques». Les sanctions économiques que font peser les Américains sur l'Iran depuis la révolution de 1979 ont aussi contribué à ralentir l'activité, impactant ainsi les recettes de l'Etat et donc les services publics, parmi lesquels la santé.
Au total, plus de 19 000 cas de coronavirus ont été diagnostiqués en Iran. Selon une porte-parole du ministère de la Santé, une personne meurt en Iran «toutes les dix minutes» de la maladie et 50 nouvelles infections ont lieu chaque heure.