Karim Tabbou, l’une des figures de proue du Hirak, le mouvement de contestation algérien qui secoue l'Algérie depuis février 2019, a été condamné ce 11 mars à un an de prison dont six mois ferme et 50 000 dinars d’amende (370 euros) pour «atteinte à l’intégrité du territoire national». La justice n'a finalement pas retenu contre lui l'«incitation à la violence» et «l'atteinte au moral de l'armée».
«Il s'agit d'une condamnation, cela s'inscrit dans la logique de durcissement de la justice. Le verdict est lourd», a déploré Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne des droits de l'Homme (LADDH). En détention provisoire depuis fin septembre 2019, Karim Tabbou sera libérable à partir du 26 mars.
Le 4 mars, durant son procès – à l'issue duquel le procureur avait requis une peine de quatre ans de prison ferme – Karim Tabbou avait rejeté toutes les charges qui pesaient contre lui. Fustigeant «une instrumentalisation de la justice», il était également revenu sur les conditions de sa première arrestation – il avait été placé en détention le 12 septembre 2019 avant d’être brièvement remis en liberté le 25 septembre – en soulignant les mauvais traitements dont il aurait été victime : «Les services de sécurité m’ont carrément kidnappé. Ils m’ont demandé de les suivre sans même m’accorder le temps de me changer. Pendant plusieurs heures, à [la caserne] Antar, personne ne m’a adressé la parole. Ce n’est qu’à 1h du matin que quelqu’un est venu m’interroger. On m’a dicté des interdictions, comme ne pas parler aux journalistes ni d’organiser des réunions, puis on m’a relâché le lendemain jeudi à 17h », avait-il affirmé selon le quotidien algérien Liberté.
La fin de ce procès médiatique intervient après la récente libération d'une autre figure du mouvement : le 1er mars, l’ancien journaliste Fodil Boumala, avait été relaxé. Placé en détention provisoire depuis septembre 2019, il était poursuivi pour «atteinte à l'intégrité du territoire» et «diffusion de publications pouvant porter atteinte à l'intérêt national».
Plus tôt, le 3 février 2020, le tribunal de Bir Mourad Raïs (Alger) avait décidé de relaxer Samir Benlarbi, placé lui aussi en détention provisoire depuis septembre 2019 et poursuivi pour les mêmes chefs d’inculpation. Mais celui-ci a finalement de nouveau été arrêté le 6 mars, lors de la marche hebdomadaire du Hirak. Placé sous mandat de dépôt, il est notamment poursuivi pour «attroupement non armé» et «atteinte à l'intégrité du territoire», selon la LADDH.