L'ex-président du Brésil Lula Da Silva dit «Lula», en visite en Suisse où il a saisi le comité des droits de l'homme de l'ONU sur sa propre situation dans son pays, a eu une rencontre privée le 6 mars avec John Shipton, le père du lanceur d'alerte Julian Assange. RT France était sur place pour recueillir les impressions de ce dernier à la sortie du rendez-vous.
«Cette première rencontre était fabuleuse. [Lula] est remarquable, fort, très éloquent, et a apporté un immense soutien à Julian [Assange]», a déclaré John Shipton. L'ex-chef d'Etat brésilien peut-il venir en aide au fondateur de WikiLeaks ? Pour John Shipton, le fait que Lula l'ait rencontré va «avoir une répercussion immense dans le monde à travers les mouvements de gauche et des syndicats».
Au lieu d'être emprisonné, il devrait être traité comme un héros
Organisateur de cette rencontre, le député écologiste genevois Jean Rossiaud est à l'initiative d'une résolution, votée le 27 février, par le Grand Conseil du canton de Genève (le parlement cantonal) demandant au gouvernement suisse de délivrer de toute urgence un visa humanitaire à Julian Assange. Il rapporte que le président Lula s'est déjà engagé en faveur de Julian Assange «en remettant il y a trois ans au Pape François une lettre de John Shipton».
L'ex-président brésilien n'a pas souhaité faire de déclaration à la presse à la suite de cette rencontre, mais sur son compte Twitter, il a posté une photo accompagnée de ce commentaire : «Toute ma solidarité avec le fondateur de WikiLeaks. L'humanité doit exiger sa liberté. Au lieu d'être emprisonné, il devrait être traité comme un héros. #FreeAssange»
Interrogé sur la résolution genevoise visant à obtenir un visa humanitaire suisse pour son fils, John Shipton a exprimé un grand enthousiasme, expliquant que le canton de Genève avait «brisé la glace». «Juste après le succès de la démarche de Jean Rossiaud, il y a eu une discussion au parlement autrichien qui a apporté son soutien à Julian, afin qu'il ne soit pas extradé. Les choses sont connectées», s'est félicité le père de Julian Assange, qui nous a confié avoir vu son fils la veille. «Les circonstances sont très difficiles. Il souffre de dépression à la pensée d'avoir passé les 10 dernières années en détention arbitraire et des 175 années qui l'attendent aux Etats-Unis [s'il est extradé], ce qui ferait 185 ans. C'est assez long», euphémisme-t-il.
Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, âgé de 48 ans, est détenu dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, près de Londres, après avoir été arrêté en avril 2019, à la suite de sept ans passés reclus à l'ambassade d'Equateur à Londres. Les Etats-Unis, qui ont dressé 17 chefs d'inculpation à son encontre, réclament son extradition. S'ils l'obtiennent, Julian Assange risque 175 ans de prison, poursuivi en vertu des lois anti-espionnage de 1917 et pour des accusations de piratage informatique, pour avoir diffusé à partir de 2010 plus de 700 000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, notamment en Irak et en Afghanistan qui ont maintes fois mis Washington dans l'embarras.
Meriem Laribi