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Terrorisme : la France annonce avoir saisi au Niger du matériel destiné à la fabrication de drones

La menace djihadiste est-elle en train d'évoluer au Sahel ? L'armée française a récemment découvert au Niger, dans des anciens campements de terroristes, du matériel permettant notamment la confection de drones et de postes radio.

Dans un communiqué du ministère français des Armées, l'armée française, engagée dans le cadre de l'opération Barkhane au côté de l'armée nigérienne, a annoncé le 27 février avoir mis la main le 14 février dans le Liptako malo-nigérien (dans la zone dite des «trois frontières») sur des ressources logistiques et du matériel de guerre détenus par des groupes djihadistes, à savoir des munitions, ainsi que du matériel permettant la confection d'explosifs, de drones et de postes radio.

Cette découverte des légionnaires des groupements tactiques Altor et Centurion vient confirmer les propos du chef d'état-major des Armées, le général François Lecointre, qui, à l'automne 2019 devant les députés de la commission des Affaires étrangères, a comparé les moyens militaires utilisés par Daesh au Levant à ceux des djihadistes de la bande sahélienne, et en particulier les drones : «Les diverses menaces ainsi mises en œuvre le sont au moyen de technologies de plus en plus "nivelantes". […] Le fait que ces technologies soient de plus en plus fréquemment utilisées nous conduit à revoir nos moyens de défense et de protection. Outre cela, la technologie employée aujourd'hui dans un conflit dissymétrique en puissance […] pourrait être certainement utilisée demain par Daesh, par l’Etat islamique dans le Grand Sahara [EIGS] ou par le Rassemblement pour la victoire de l’islam et des musulmans [RVIM ou GSIM] contre nos installations au Sahel. C’est très préoccupant.»

Cette évolution des techniques de combat des djihadistes n'est pas sans rappeler les récentes réflexions françaises au sujet de cette technologie sans personnel embarqué. Dans un rapport de la cour des Comptes publié le 25 février, on pouvait notamment lire que la France aurait tardé à prendre en compte l'intérêt des drones et à les intégrer dans sa flotte aérienne. La cour des Comptes critiquait notamment un «manque de vision stratégique cohérente sur le long terme» à cet égard, avec des «conséquences, dommageables et coûteuses, de prolonger la durée de vie de matériels vieillissants».

Pour pallier ce manque, la France a notamment dû se doter de drones américains Reaper en 2013, mettant potentiellement en péril l'autonomie stratégique et la souveraineté françaises sur le plan militaro-industriel. Par ailleurs, les tentatives européennes pour créer un EuroDrone, en collaboration avec l’Allemagne et l'Italie, semblent pour le moment à la peine et renvoyées à l'année 2028.