Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a promis le 1er mars une annexion rapide de la vallée du Jourdain et de colonies en Cisjordanie occupée, tentant de mobiliser ses appuis de droite à la veille d'élections cruciales à sa survie politique.
Ce ne sera qu'une question de semaines, deux mois maximum j'espère
Benjamin Netanyahou, inculpé pour corruption dans une série d'affaires, a fait de l'annexion de pans de la Cisjordanie sa priorité en cas de victoire aux élections, a-t-il affirmé dans une interview à la radio publique.
«Ce ne sera qu'une question de semaines, deux mois maximum j'espère», a soutenu Benjamin Netanyahou lors de ce sprint d'entretiens à la veille des législatives, les troisièmes en moins d'un an en Israël après deux scrutins n'ayant pas réussi à le départager de son principal rival, le centriste Benny Gantz.
Selon les dernières projections, le Likoud (droite nationaliste) de Benjamin Netanyahou et la formation centriste Kahol Lavan («Bleu Blanc», couleurs du drapeau israélien) obtiendraient 33 sièges chacun sur les 120 de la Knesset (le Parlement), un score quasi identique aux derniers scrutins.
Et en comptant leurs alliés respectifs – la droite et les partis religieux pour Benjamin Netanyahou, le centre-gauche pour Benny Gantz –, aucun des deux grands blocs ne réunirait suffisamment d'appuis pour former un gouvernement, selon ces sondages.
Alors que les indécis sont peu nombreux parmi les électeurs, Benjamin Netanyahou et Benny Gantz tentent le 1er mars de mobiliser leur base électorale respective dans l'espoir de gagner quelques sièges supplémentaires et ainsi obtenir du président Reuven Rivlin le mandat de former le prochain gouvernement. Car la grande inconnue demeure le taux de participation.
D'autant plus que, dans cette joute pour convaincre les électeurs de se rendre aux urnes, une surprise s'est invitée : le coronavirus. En effet, sept cas ont été confirmés jusqu'à présent en Israël, mais les autorités ont mis en garde contre la propagation de «fausses nouvelles» sur internet ou par SMS qui pourraient décourager des électeurs de se rendre aux urnes par crainte de contamination.
Forte croissante du nombre de colons
A l'approche des législatives de septembre 2019, Benjamin Netanyahou avait déjà promis l'annexion «immédiate» de la vallée du Jourdain, bande de terre stratégique comptant pour 30% de la Cisjordanie occupée, en cas de victoire électorale.
Mais en janvier, un élément clé a changé dans ce dossier : le dévoilement du projet américain pour le Proche-Orient qui prévoit justement l'annexion de la vallée du Jourdain et des colonies israéliennes, des mesures contraires au droit international et rejetées en bloc par l'ensemble de la classe politique palestinienne, des laïques du Fatah aux islamistes du Hamas.
Le Premier ministre israélien a d'ailleurs confirmé, le 1er mars, que le comité «israélo-américain» en charge d'établir la cartographie précise des Territoires palestiniens qu'Israël souhaite annexer, avait «commencé ses travaux la semaine dernière».
Plus de 450 000 personnes vivent dans les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée. La population des colonies a bondi de près de 50% au cours de la dernière décennie marquée par la présence ininterrompue de Benjamin Netanyahou au pouvoir, selon les autorités.
Ce dernier – qui tente de mobiliser son électorat de la droite nationaliste et favorable aux colonies pour une élection qui s'annonce serrée selon les derniers sondages – a multiplié au cours des deux dernières semaines les annonces de projets d'habitations dans les colonies en Cisjordanie, mais aussi à Jérusalem-Est, territoire déjà annexé par l'Etat hébreu.
Le projet pour le Proche-Orient présenté par le président américain Donald Trump prévoit de faire de Jérusalem la capitale «indivisible» d'Israël, au grand désarroi des Palestiniens qui veulent faire de la partie orientale de la ville la capitale de leur futur Etat.
Ancien chef d'état-major de l'armée israélienne, Benny Gantz soutient le projet américain pour le Proche-Orient et prône la ligne dure face aux islamistes du Hamas qui contrôlent la bande de Gaza, enclave palestinienne de deux millions d'habitants. Toutefois, le rival de Benjamin Netanyahou a aussi plaidé pour un dialogue avec les Palestiniens et son parti compte moins de soutiens dans le mouvement pro-colonies.