International

Poutine défend la police russe accusée de violences, mais exige de mettre un terme à l'arbitraire

Le président russe est monté au créneau pour défendre les forces de l'ordre accusées d'avoir fait un usage disproportionné de la force pour disperser plusieurs manifestations initiées par l'opposition. Il a dans la foulée condamné les dérives.

Le président russe Vladimir Poutine a pris la défense des forces de l'ordre, accusées d'avoir abusé de la force pour disperser les récentes manifestations de l'opposition. «C'est leur devoir. Personne ne brandit une matraque juste comme ça. Si les gens se comportent en respectant les règles, les procédures et les lois, qui brandira une matraque ?», a déclaré le président russe lors d'une interview à l'agence de presse publique Tass publiée ce 26 février. 

De nombreux militants politiques se sont insurgés contre une réaction policière jugée excessive durant les manifestations d'opposition de l'été dernier à Moscou. Les critiques visaient particulièrement la Garde nationale, une force créée en 2016 relevant directement de l'autorité du président. Plusieurs manifestants avaient été condamnés à de lourdes peines de prison pour violence après avoir été arrêtés durant les manifestations non autorisées. Après une vive réaction d'une partie de la société civile russe, plusieurs personnes avaient été finalement libérées sans poursuites.

Aujourd'hui, on jette une bouteille d'eau [contre les policiers], demain une chaise et après on va saccager les voitures. C'est inadmissible !

Revenant sur la manière dont la Garde nationale russe a assuré le maintien de l'ordre lors des manifestations non autorisées de l'été 2019 à Moscou et dans d'autres villes, Vladimir Poutine a mis en garde contre la montée des violences du côté des manifestants. «Aujourd'hui, on jette une bouteille d'eau [contre les policiers], demain une chaise et après on va saccager les voitures. C'est inadmissible !», a-t-il assuré lors de cet entretien.

Le président russe a également justifié la lourde peine infligée au blogueur Vladislav Sinitsa, condamné à cinq ans de prison pour un message sur Twitter où il appelait à des violences contre les enfants des policiers. «Cela peut déstabiliser brutalement la situation dans le pays, on ne peut pas plaisanter avec ça», a-t-il martelé.

Le chef de l'Etat a toutefois salué la mobilisation publique ayant permis la libération du journaliste Ivan Golounov, arrêté en juin dernier pour trafic de drogue, des charges qui se sont avérées avoir été inventées de toutes pièces. En janvier, la justice russe a annoncé l'arrestation de cinq ex-policiers qui avaient interpellé ce journaliste du site internet Meduza, réputé pour ses enquêtes sur la corruption.

Le jour même de la parution de l'interview sur Tass, le président participait à une réunion élargie du conseil d'administration du ministère de l'intérieur. Lors de cette rencontre, Vladimir Poutine a par ailleurs exigé de mettre un terme à l'arbitraire de la police. Selon lui, il est nécessaire de répondre strictement à tous les faits d'arbitraire et de falsification et de limoger les fonctionnaires de police qui violent la loi. «Une attention particulière [doit] être accordée à la légalité des organes d'enquête et d'enquête préliminaire», a déclaré le chef de l'Etat.