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Coronavirus : pour garantir «zéro infection», Pékin prend de nouvelles mesures

Alors que le bilan s'alourdit, dépassant les 1 500 morts – dont un en France –, le gouvernement municipal de Pékin, réuni le 14 février, a annoncé des mesures de contrôle renforcé afin de tenter de garantir «zéro infection» supplémentaire.

Le bilan de l'épidémie du nouveau coronavirus a dépassé ce 15 février les 1 500 morts en Chine. Un premier décès vient en outre d'être annoncé en France. Plus de 66 000 cas de contamination ont désormais été enregistrés en Chine, dont au moins 1 716 parmi les médecins et infirmiers travaillant au contact des malades, selon la Commission nationale de la santé, qui fait office de ministère.

Le gouvernement municipal de Pékin, où affluent de nombreux travailleurs d'autres régions chinoises, a convoqué le 14 février une conférence pour discuter de la mise en œuvre d'une enquête épidémiologique encore plus stricte sur les «contacts proches» des patients suspectés et confirmés de la nouvelle pneumonie à coronavirus, ou Covid-19. L'objectif visé est de garantir «zéro infection». Dans le même cadre, pour tenter de contenir le virus, la ville de Pékin a ainsi promulgué une loi stipulant que toutes les personnes venant à Pékin doivent, de leur propre initiative, se mettre en quarantaine pendant 14 jours. Si des sanctions sont prévues par la loi en cas de non-respect de cette consigne, le contrôle de ces initiatives individuelles sur une telle échelle paraît plus qu'improbable. Les autorités comptent certainement sur le bon sens et le civisme de chacun.

Esprit de guerre

Concernant l'afflux de travailleurs migrants de retour à Pékin, la conférence organisée par Pékin a mandaté les entreprises et les agences de la ville afin de mettre en œuvre des mesures strictes pour atteindre «zéro infection». De plus, le code de désinfection et de sécurité ambiante devrait être renforcé dans les lieux publics et les véhicules. Les centres de contrôle des maladies à tous les niveaux ont reçu pour instruction de rester dans un «esprit de guerre».

La prévention a même conduit jusqu'au rappel des billets de banque usagés, a annoncé la banque centrale, ce 15 février. Dans l'objectif de limiter la propagation du coronavirus de main à main, les banques font usage de rayons ultraviolets ou de hautes températures pour désinfecter les billets, avant de les placer sous scellés et de les isoler pendant 7 à 14 jours, a expliqué Fan Yifei, vice-gouverneur de la Banque centrale chinoise (PBOC).

A Wuhan, le personnel hospitalier n'est pas assez protégé

La grande majorité des contaminations en milieu hospitalier ont eu lieu à Wuhan, chef-lieu de la province du Hubei, dans le centre de la Chine, et foyer de cette épidémie de pneumonie virale appelée désormais Covid-19 par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

La mort due au virus d'un médecin, il y a une semaine, qui avait tenté d'alerter les autorités, mais avait été réprimandé par la police, avait provoqué la colère sur les réseaux sociaux. En raison d'un afflux de patients dans les hôpitaux du Hubei et d'une pénurie de fournitures de protection (masques, combinaisons intégrales), une partie du personnel soignant se retrouve à la merci d'une contamination.

La Commission de la santé du Hubei a annoncé, ce 15 février, qu'au cours des dernières 24 heures, l'épidémie a fait 139 morts supplémentaires dans la province et que 2 420 nouveaux cas de contamination y ont été détectés. Le nombre total des nouveaux cas de contamination en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao) est de 2 641. De plus, quatre décès ont été constatés ailleurs que dans le Hubei. Cela porte à 1 523 le nombre total des décès enregistrés en Chine continentale depuis le début de l'épidémie.

La ville de Wuhan, où est apparu en décembre le nouveau coronavirus, et la province environnante du Hubei restaient coupées du monde le 14 février via un draconien cordon sanitaire en vigueur depuis plus de trois semaines. Les deux chefs du Parti communiste chinois (PCC) pour le Hubei et Wuhan, fustigés par l'opinion publique pour leur gestion de la crise, ont été limogés le 13 février.

«Grand test» pour la Chine 

La Chine concentre 99,9% des décès dus au coronavirus enregistrés dans le monde. Jusqu'à présent, le Japon, les Philippines et la France sont les seuls autres pays ayant fait état de décès (un chacun) sur leur territoire. La lutte contre le virus constitue «un grand test pour le système et les capacités de gouvernance du pays», a reconnu le président chinois Xi Jinping, le 14 février. L'épidémie a révélé des «lacunes et insuffisances», a-t-il concédé, appelant à améliorer le système de santé national, des propos tenus lors d'une réunion du PCC.

Côté américain, après avoir initialement félicité Pékin pour son «travail très professionnel», la Maison-Blanche a pris ses distances, le 13 février. «Nous sommes un peu déçus du manque de transparence de la part des Chinois», a déclaré devant la presse Larry Kudlow, le principal conseiller économique du président Donald Trump. Il a notamment regretté que Pékin ait, selon lui, décliné des propositions américaines d'envoyer des experts en Chine. En réaction, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, a assuré vendredi que Pékin faisait preuve de «transparence» depuis le début de l'épidémie. Le 14 février, l'OMS a pris la défense de Pékin, affirmant que le gouvernement chinois «coopère avec [elle], invite des experts internationaux, a partagé des séquences [du virus], continue à œuvrer avec le monde extérieur».

Les autorités sanitaires du Hubei ont annoncé, le 13 février à la surprise générale, un élargissement de leur définition des personnes atteintes de la pneumonie virale Covid-19. Jusqu'à présent, un test de dépistage était indispensable pour déclarer un cas «confirmé». Dorénavant, les patients «diagnostiqués cliniquement», notamment avec une simple radio pulmonaire, seront aussi comptabilisés. Cette nouvelle méthode a automatiquement gonflé le nombre de morts et de personnes officiellement infectées, avec l'annonce d'une envolée de plus de 15 000 nouveaux cas de contamination, le 13 février, et d'environ 5 000 le lendemain. Ces chiffres dépeignent une situation plus grave que ce qui avait été rapporté jusqu'à présent, mais cela «ne représente pas un changement significatif de la trajectoire de l'épidémie», a tempéré le chef du département des urgences sanitaires de l'OMS, Michael Ryan.