Au lendemain de son discours sur les relations qu'il entendait développer avec la Russie, le chef d'Etat français a réaffirmé ce 4 février depuis Varsovie avoir «la conviction de ne [pouvoir] construire une architecture de stabilité, de paix et de confiance en Europe qu'[en sachant] discuter avec la Russie».
«Pas pour lui céder les choses, je n'ai aucune naïveté, pas [non plus] pour oublier ce qu'elle a fait ou ce qu'elle fait», a déclaré le président de la République avant d'exprimer sa volonté d'«exiger des désescalades» ou encore de bâtir avec Moscou des «marches et des limites réciproques». Emmanuel Macron a en effet expliqué vouloir construire avec la Russie «les règles du jeu dans un espace partagé», notamment dans le domaine de l'armement et du cyber-spatial.
Soulignant sa volonté d'établir «un dialogue exigeant» avec la Russie, le locataire de l'Elysée a évoqué le dossier ukrainien ainsi que ce qu'il a présenté comme le non-respect progressif de la part de la Russie du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI). «Sans nous demander notre avis, les Etats-Unis d'Amérique ont l'année dernière déchiré ce traité», a alors déploré Emmanuel Macron.
Au sujet du FNI, Donald Trump avait justifié le 20 octobre 2018 l'annonce du retrait américain du traité, accusant la Russie de ne l'avoir pas respecté. L'administration américaine avait pointé le déploiement par Moscou du système de missiles 9M729, à la portée dépassant les 500 km selon Washington. L'accusation avait rapidement été rejetée par le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov : «Non seulement nous ne violons pas le traité mais nous le respectons de la façon la plus stricte», avait-il insisté. Répliquant aux accusations de Washington, il avait ajouté : «Nous avons fait preuve de patience au fil des années face à de flagrantes violations du traité par les Etats-Unis eux-mêmes.»
La position de Moscou a souvent été celle de préserver les accords internationaux concernant l'utilisation de telles forces nucléaires. La Russie a en effet déclaré à plusieurs reprises qu'elle continuerait à respecter scrupuleusement le traité FNI aussi longtemps que les Etats-Unis le feraient. Pour autant, le président russe Vladimir Poutine avait prévenu, dès le mois d'octobre 2017 que tout retrait de Washington de l'accord provoquerait une mesure équivalente de la part de Moscou.