L'administration américaine aurait menacé, cette semaine, de retirer à l'Irak son compte à la Réserve fédérale américaine (Fed), selon des fonctionnaires irakiens cités, sous couvert d'anonymat, par The Wall Street Journal, le 11 janvier. Dans une dépêche ce 13 janvier, l'AFP rapporte également le témoignage d'un responsable de ce pays qui révèle qu'un haut fonctionnaire américain lui aurait déclaré : «Si les troupes américaines sont expulsées, les Etats-Unis vont bloquer votre compte à la Réserve fédérale à New York.»
Cette menace présumée fait suite à un vote du Parlement irakien enjoignant les 5 200 soldats américains en poste dans le pays à plier bagages, en réponse à une frappe étasunienne sur l'aéroport de Bagdad, qui a mis le feu aux poudres à la région. Le 3 janvier, Washington éliminait en effet le général iranien Qassem Soleimani et Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi, coalition de paramilitaires pro-iranienne et figure de proue de la lutte contre Daesh en Irak.
Washington a beau envoyer des signaux contradictoires concernant son intention de rester présent militairement en Irak, il n'en reste pas moins que les Etats-Unis ont peu apprécié la décision des parlementaires irakiens. «S'ils nous demandent effectivement de partir, si nous ne le faisons pas sur une base très amicale, nous leur imposerons des sanctions comme ils n'en ont jamais vu auparavant [...] Elles feront apparaître les sanctions contre l'Iran comme presque faibles», déclarait ainsi Donald Trump, cité par l'AFP, le 5 janvier à bord d'Air Force One, de retour de ses vacances à Mar-a-Lago (Floride).
Ouvert en 2003 après le renversement (qui se soldera par la pendaison) du dirigeant irakien Saddam Hussein par les Etats-Unis, le compte irakien à la Fed abrite des milliards de dollars tirés de l'exportation de pétrole, qui représente 90% des revenus du pays et son unique source de devises.
«Ils vont nous pousser dans les bras de la Russie, de la Chine et de l'Iran»
L'argument de Washington, visant à contrer la décision exprimée par Bagdad, serait pris très au sérieux. «Si l'accès à notre compte est bloqué, le robinet à dollars est coupé», résume un responsable irakien cité par l'AFP. «Ce sera l'effondrement», prévient un autre, expliquant que sans revenus pétroliers, l'Irak ne pourrait plus payer ses fonctionnaires et ses retraités.
«Le Premier ministre [Adel Abdul-Mahdi] était furieux, il s'est senti insulté», rapporte un fonctionnaire irakien à l'AFP. Un autre affirme que si Washington mettait ses menaces à exécution, Donald Trump «perdra[it] l'Irak». «Ils vont nous pousser dans les bras de la Russie, de la Chine et de l'Iran», ajoute-t-il.